Quand les lumières s'éteignent
de Erika Mann, John O'Hara Cosgrave (Illustration)

critiqué par Bolcho, le 2 février 2012
(Bruxelles - 76 ans)


La note:  étoiles
Une ville allemande en 1939.
Est-ce à proprement parler de la fiction ? Plutôt de la « docu-fiction » comme on dirait aujourd’hui. Erika Mann (fille de Thomas Mann) a écrit cette dizaine d’histoires – qui ne sont pas des nouvelles, mais des facettes différentes d’une même description de la vie en Allemagne juste avant la guerre – en se basant sur de nombreux faits réels dont elle livre par ailleurs les sources : sa vie personnelle, les journaux d’époque, des témoignages.
Tous les personnages mis en scène sont au départ de bons allemands qui soutiennent peu ou prou le régime en place, mais qui n’en sont pas non plus des chantres virulents. Tous, ils vont en baver d’une façon ou de l’autre. On a là des boutiquiers, un industriel local, un couple d’amoureux, un prof d’université, un médecin, un journaliste, un pasteur, un policier, une secrétaire, une mère de famille, un paysan. Et une petite ville allemande de Bavière.
Chacun de ces récits est prenant et on s’attache au destin des personnages.
Au final, on a un tableau assez complet de la vie quotidienne sous le IIIe Reich.
Glaçant.
Ce que j’ai trouvé en quelque sorte bizarre, c’est que souvent, en même temps que la critique de l’Etat totalitaire nazi, on entend la voix « anti-bolchévique » de l’auteure. C’est que le national-socialisme avait des aspects « socialistes » évidemment, notamment en ce qui concernait son attitude par rapport au petit commerce et la volonté d’appliquer un plan économique centralisé.

Erika Mann a écrit ce texte des Etats-Unis. Il paraît en 1940.
Un témoignage sur le « totalitarisme politique explicite ».