Le procès de Jean-Marie le Pen
de Mathieu Lindon

critiqué par Leura, le 7 septembre 2002
(-- - 73 ans)


La note:  étoiles
Un titre alléchant...
Ne rêvons pas, il n'a pas lieu dans ce livre hélas.
Ce roman très court nous relate l'histoire du procès d'un militant du FN accusé du meurtre d'un adolescent arabe. Il est défendu par un avocat de gauche, juif et homosexuel, qui a compris que le vrai coupable est Jean-Marie Le Pen, oui, coupable d'avoir semé une haine démente qui ne peut qu'aboutir à des crimes. Dès lors, Maître Mine va axer la défense de son client sur la mise en cause de Le Pen, et relativiser la responsabilité de son client, ce qui entrainera tous les malentendus qu'on peut imaginer. Il sera couvert d'opprobe par les milieux intellectuels et anti-racistes, mais le pire pour lui sera encore de recevoir l'hommage public de Le Pen. A la fin du procès, il sera complètement bouffé, tant il est vrai qu'on ne peut sortir intact d'un tel combat.
La force de ce livre est selon moi dans les textes que l'auteur place dans la bouche de Le Pen, plus vrais que nature. Lindon démontre brillamment la perversité du discours populiste, mouvant, changeant selon la rentabilité électorale.
Convenu, moraliste et politique correct 2 étoiles

"je l'ai joué politiquement correct" déclare le personnage principal du roman, comme un éclair de lucidité de l'auteur dans ce roman bien plat.
Mathieu Lindon est journaliste, et ca se sent, comme un article bouche trou de Libé, l'auteur s'auto censure, accumule les clichés du bon gauchiste de base (je suis plutôt de gauche, je précise) et les choses dites et redites... Le discours est convenu et moraliste.

Tout est lisse et l'ensemble est bourré de bons sentiments. Reste certains dialogues entre avocats qui valent le détour, mais c'est bien maigre pour un livre de 130 pages que j'ai eu du mal à terminer!

Le pire dans ce "roman" c'est qu'en cumulant toutes ces banalités, l'auteur diabolise le pen et son parti... et c'est justement son fonds de commerce!

Thorpedo - - 45 ans - 22 octobre 2009


Un procès 8 étoiles

Je viens d'apprendre qu'en 1998, Le Pen a fait un procès pour diffamation à l'auteur et à son éditeur, ce qui était une première semble-t-il pour un roman.
Le site www.republique-des-lettres.com nous donne tous les détails sur cette bouffonnerie, qui démontre à quel point le FN aime la censure, sauf de ses propres écrits bien sûr...
Oups... Le terme "propres" est-il approprié en l'occurence?
Permettez-moi le coupé/collé d'un extrait :
Le président du Front National reproche à l'auteur de l'avoir décrit en chef d'une bande de tueurs, qui recommanderait les meurtres racistes, et d'écrire que le FN est lié à des affaires racistes, que les militants qui quitteraient le FN s'exposeraient à des brutalités, ou encore que ses militants seraient porteurs d'armes. C'est un ouvrage "hostile au FN (. . .), un roman sur la France contemporaine", explique son auteur, "qui tente de démontrer que les méthodes employées pour lutter contre le FN de sont pas efficaces". Pour la partie civile, "c'est une intrigue dénuée d'intérêt", qui met en scène une affaire de crime raciste. "On ne peut pas parler du racisme sans parler de Jean-Marie Le Pen", explique M. Lindon au Tribunal, affirmant: "Je trouve bête qu'il m'ait poursuivi car je trouve que j'en fais un portrait plutôt bienveillant". "Vous auriez dû lui envoyer un mode d'emploi", ironise alors le président Jean-Yves Monfort.
[...]
Novembre 1999 Une centaine de romanciers se déclarent solidaires de Mathieu Lindon et de son éditeur POL (Paul Otchakovsky-Laurens) condamnés pour diffamation à la suite de la publication du roman Le Procès de jean-Marie Le Pen. Reprenant les passages condamnés, ils écrivent que ces extraits ne sont pas diffamatoires et qu'ils sont "prêts à les reprendre dans un roman". "Si ces phrases sont jugées diffamatoires dans un roman, elles le sont aussi dans la réalité. S'ils sont logiques avec eux-mêmes, Jean-Marie Le Pen doit me poursuivre et le tribunal me condamner pour les avoir reroduites ici", déclarent les romanciers signataires du texte. Parmi les signataires figurent Jacques-Pierre Amette, Béatrix Beck, Hector Bianciotti, Edmonde Charles-Roux, Didier Daninckx, Marie Darieussecq, Marie Desplechin, Jean-Marie Laclavetine, Claude Ollier, Lydie Salvayre, François Taillandier, Martin Winckler . . . Chez POL, on indique que de nombreux écrivains avaient proposé leur soutien après la condamnation pour diffamation. Finalement les auteurs se sont entendus sur un texte reprenant des extraits du roman et se disent prêts à prendre le risque d'une condamnation pour diffamation.

Leura - -- - 73 ans - 26 juin 2003