Parapluies
de Christine Eddie

critiqué par Libris québécis, le 1 février 2012
(Montréal - 82 ans)


La note:  étoiles
Solidarité féminine
Ce roman est un hymne à la femme. Une Marseillaise qui rappelle que « tous ces tigres qui, sans pitié, déchirent leurs seins » ont un seul nom. C’est la panne. Panne de l’épouse mal aimée d’un professeur originaire de l’Italie, panne d’une amante potentielle trop enrobée; panne de la femme boudée par la maternité, panne d’une fillette sans filiation paternelle; panne d’une autre atteinte d’un cancer; panne de la mère monoparentale; panne de la mamma déracinée de l’Italie. Femmes, somme toute, nourries d’un « sublime orgueil », un orgueil mercenaire engagé pour une guerre à finir contre l’adversité.

Et c’est ensemble que ces filles de la patrie triomphent par un soir diluvien, qui inonde la ville sise près d’un fleuve irrespectueux du rivage, mais enfin asservi, comme le dit le titre, par leurs parapluies réunis. La solidarité leur a acquis la sérénité pour faire fi d’un mari disparu au profit d’une enfant, qui se croyait la fille de Barak Obama. Une mamma qui se trouve une famille au sein de cet univers sans assises. Enfin, chacune, en ce soir d’anniversaire, s’est senti conférer une mission, qui oriente son avenir. Une fin heureuse à l’instar de tout hymne national.

Cette œuvre tient la route grâce à une écriture, qui fuit la victimisation. Ce sont des battantes projetées vers l’aval. Cependant la facture détonne. À prime abord, il semble s’agir de nouvelles alimentées par des personnages, qui font part de leurs ambitions balayées par les aléas de la vie. Et le fil conducteur en serait le professeur, qui se joue des sentiments féminins. De fil en aiguille, l’auteure, une Française établie au Québec depuis belle lurette, éclaire le sentier suivi. Avec astuce, elle profile des portraits de femmes, dont les liens nébuleux les rapprochent d’une seule réalité : les embûches de vivre au féminin.