La mémoire de l'eau
de Ying Chen

critiqué par Montréalaise, le 29 janvier 2012
( - 31 ans)


La note:  étoiles
Une vision intimiste de la Chine du XXe siècle
En 1912, alors que le dernier empereur chinois était chassé du trône, grand-mère Lie-Fei avait cinq ans. Elle venait de subir l'opération destinée à rapetisser ses pieds, afin de les rendre « beaux comme des fleurs de lotus ». Mais grâce au changement de régime, ou à cause de lui, l'opération fut vite interrompue et c'est avec des pieds « moyens » - garants d'une position médiane dans le conflit entre la tradition et la modernité - qu'elle traversa sans trop de heurts le régime communiste...

Ce destin singulier, la narratrice, la « petite », le retrace avec un humour à froid et une tendresse jamais démentie tout au long d'une histoire qui traverse le XXe siècle, celle de grand-mère Lie-Fei bercée par les odeurs et les couleurs des eaux d'une Chine en profonde mutation.

« La mémoire de l'eau », publié en 1992, est le premier roman (ou plutôt un récit) de Ying Chen, écrivaine chinoise installée à Montréal depuis 1989. Sans trop plonger dans les descriptions, l'auteure réussit à nous faire connaître avec une belle simplicité les nombreux destins peuplant le récit sous les yeux d'une personne particulière, témoin des bouleversements profonds de son pays natal, de la fin de l'Empire jusqu'à la Chine actuelle, en passant par l'occupation japonaise de la Mandchourie et le règne de Mao Zedong.