Résistances, Tome 2 : Le vent mauvais
de Jean-Christophe Derrien (Scénario), Claude Plumail (Dessin)

critiqué par Shelton, le 22 janvier 2012
(Chalon-sur-Saône - 68 ans)


La note:  étoiles
De mieux en mieux...
Parler de cet album, sans vous détruire la lecture, sans révéler certains faits est très délicat. Je vais donc laisser chaque lecteur découvrir la suite du destin de Louis, André et Sonia. Je me limiterai, pour ma part, à évoquer certains thèmes rencontrés et la méthode narrative qui est d’une efficacité diabolique.

On va trouver dans cette série qui a comme cadre la vie en France sous l’occupation des séquences « clichés ». Oui, on sait bien qu’il y avait des militaires allemands humains et on en rencontre ! Qu’il y avait des communistes gênés aux entournures durant la première phase de la guerre, et on en croise ! Qu’il y avait des Français qui ont travaillé pour les Allemands sans vouloir collaborer, et ils sont là, eux aussi ! Qu’il y avait toute sorte de gens dans la collaboration dont certains ne cherchaient qu’à survivre, c’est indéniable ! Qu’il pouvait y avoir, à Vichy, des politiques et des militaires dans le doute et l’incertitude, des gens qui s’illusionnaient sur les motivations réelles de Pétain, qui auraient voulu sauver la France et qui finalement se sont trompés, oui, tout cela est vrai et présent dans cet album ! Oui, nous étions bien dans la complexité incarnée et c’est pour cela que le nom de la série est « Résistances » avec un « s » car elle avait, elle aussi, de très nombreux visages…

Ce qui est fort dans cette série c’est d’avoir, à partir de nos trois personnages de départ, réussi à aborder presque tous ces aspects de façon simple, efficace et précise, sans surcharger le récit de textes trop longs et soporifiques. Tout y est, juste ce qu’il faut pour un lecteur de bédé…

La force de cette série vient surtout de la méthode narrative suivie par les auteurs qui nous font voyager dans le temps grâce à des incises temporelles, bonds en avant ou en arrière, qui viennent éclairer certains choix, certaines rencontres, certains drames. C’est si bien fait, c’est si naturel que l’on se demande même si cela aurait pu être autrement…

J’ai trouvé ce second volet encore meilleur que le premier car on a définitivement, à la fin du premier album, quitté l’histoire d’une jeunesse insouciante rattrapée par l’Histoire, pour plonger dans un drame humain universel avec amour, jalousie, envie, engagement, prise de risque, courage, lâcheté, petits arrangements de la vie quotidienne…

Une grande série qui devrait être présente dans les centres de documentation et bibliothèques des collèges et lycées… Oui, la bande dessinée est effectivement capable de porter et transmettre des grandes valeurs humaines !