Santé : distinguer croyances et connaissance
de Alfredo Morabia

critiqué par Elya, le 22 janvier 2012
(Savoie - 34 ans)


La note:  étoiles
L'épidémiologie pour les nuls
Le titre de ce livre est en fait ce que la science décrite dans ce livre, l’épidémiologie, nous permet de réaliser (distinguer les croyances des connaissances en santé), quel que soit notre niveau d’étude, et si l’on a eu une courte initiation ; c’est en tout cas ce que soutient l’auteur.
L’épidémiologie est la « science qui étudie les études comparatives de population pour identifier des moyens de prévenir ou de guérir des maladies ». L’auteur part du constat que peu de gens savent en quoi consiste cette science alors qu’elle est selon lui indispensable dans la vie quotidienne et surtout très facile à comprendre.

« Les croyances en matière de santé sont des produits de notre imagination, qui ne peuvent pas être évaluées objectivement, contrairement à la connaissance qui provient d’études comparatives de population dont les résultats peuvent être critiqués, évalués, confirmés ou infirmés ».

Il s’agira donc dans le reste du livre d’initier le lecteur lambda à cette science, en retraçant de manière passionnante et accessible son histoire depuis le cartésianisme du 17ème siècle qui a permis de faire la transition entre la médecine holiste ancienne et la médecine moderne. L’auteur reprend les différentes expériences et études qui ont permis au fil des siècles d’aboutir à cette science qui a beaucoup d’emprise dans le milieu médical.
Tout un chapitre est consacré au tabac et à ses effets sur la santé, thématique sur laquelle se sont penchés des médecins et chercheurs depuis les années 50.
L’auteur présente aussi les différents types d’études et les différentes notions qui lui semblent indispensable pour comprendre l’épidémiologie : Essais Cliniques Randomisés, Effet placebo, Evidence-Based-Medicine, Collaboration Cochrane ; une partie du livre peut-être un peu plus faible que les autres, car elle me semble dispensable pour les néophytes et déjà bien connue de ceux qui ont déjà mis les pieds dans le milieu de l’épidémiologie.

Le chapitre 8 est sans doute le plus convaincant. Il nous permettra selon l’auteur d’arriver à distinguer les croyances des connaissances en matière de santé dans notre quotidien. Il nous présente 3 questions qu’il faut se poser quand on lit la presse :
- la conclusion énoncée résulte-t-elle d’une étude comparative de population ?
- quels étaient les groupes comparés ?
- quels sont les risques ou les fréquences observées au sein des groupes comparés ?

Il nous présente aussi quelques études reprises par la presse susceptibles de nous intéresser et de nous entraîner à répondre à ces questions. L’idée est excellente mais l’auteur nous surestime un peu.
Enfin les derniers chapitres ont pour but de promouvoir le développement de l’enseignement de l’épidémiologie chez les plus jeunes et la médecine expérimentale de Claude Bernard, dont on ne sait pas trop ce qu’elle fait ici en guise de conclusion.

Il s’agit d’un livre brillant par son contenu comme par sa présentation. C’est toujours clair et plein de bonnes intentions, même si parfois les propos soutenus risquent de perdre un peu certains lecteurs pour qui l’épidémiologie était jusqu’alors inconnue.