Le sanglot de l'homme noir
de Alain Mabanckou

critiqué par CHALOT, le 17 janvier 2012
(Vaux le Pénil - 76 ans)


La note:  étoiles
un regard et une analyse sur une question clé pour l'avenir
« Le sanglot de l'Homme noir »
d'Alain Mabanckou
éditions Fayard
Changer de cap !

Qui y a t-il de commun entre un malien, un sénégalais, un antillais et un noir né en France?
Rien si ce n'est la couleur de la peau...Quant au français, c'est la langue qui leur permet de communiquer entre eux et de communiquer avec tous les autres.
Les auteurs africains ont d'ailleurs enrichi par leur apport la « francophonie »...Ces enrichissements réciproques se poursuivent avec les échanges culturels.
L'auteur, né au Congo, étudiant en France et enseignant en Californie ne nie pas les souffrances d'hier et d'aujourd'hui que subissent ou ont subi hier les Noirs....
Il propose que l'Homme Noir arrête de regarder constamment dans le rétroviseur pour fixer la route d'aujourd'hui et de participer à la construction de son avenir.
Quant à l'histoire, il faut l'assumer totalement et arrêter de traiter de félon celui ou celle qui rappelle à propos de la traite des Noirs que « la participation de ceux qu'on appelle « négriers noirs » n'est pas une invention pour consoler l'Europe et calmer le « sanglot de l'homme blanc. »!...
Ce qui réunit souvent les noirs, ce sont les sanglots! Faut-il continuer ainsi? Certes Non!
L'auteur revient sur les « soleils de l'indépendance » pour montrer qu'après la colonisation directe est venue malheureusement une situation où les colonisateurs arrivaient avec un plan B :
« ils avaient « formé » quelques hommes à leur image. Des hommes qui auraient la peau noire et un masque blanc. Des hommes qui « inconsciemment » les remplaceraient et seraient leurs yeux et leurs oreilles sur le continent noir. »
C'est le silence et l'inertie, ainsi que les sanglots qui, conjugués à la politique des colonisateurs ont permis l'émergence de pantins qui ont entraîné de nombreux pays africains dans le gouffre.
L'auteur appelle à la réflexion sur le présent et aussi sur le passé, non pour en rester au niveau des larmes et du ressentiment mais pour la construction d'un avenir où la confrontation et le face à face des cultures permettent la construction d'un avenir commun , éradiquant la pauvreté , la misère et les guerres!

Jean-François Chalot