Dans mes yeux à moi
de Josélito Michaud

critiqué par Libris québécis, le 12 janvier 2012
(Montréal - 82 ans)


La note:  étoiles
Enfant en famille d'accueil
Josélito Michaud est un personnage renommé au Québec pour son appartenance au monde médiatique. Il anime à la chaîne d’État On prend toujours un train, une émission pendant laquelle il emmène, pour un court périple, des invités connus afin qu’ils confient leur passé douloureux ou du moins inhospitalier.

Son premier roman entre dans cette veine de la confidentialité. Sans s’adonner entièrement à l’autofiction, l’auteur raconte l’enfance d’Olivier, un garçon de cinq ans abandonné de ses parents comme lui-même le fut au même âge. Quand on n’est pas adopté, c’est le début de la visite des familles d’accueil. De l’Abitibi à l’Île d’Orléans via Cap d’Espoir en Gaspésie, la tournée ne s’inspire pas du tourisme. Les paradis où Olivier se retrouve se transforment souvent en cauchemars quand la violence est l’ordre prescrit en éducation. La peur s’instille ainsi dans son esprit. Et le silence assure sa résilience dans l’adversité. C’est le cercle vicieux de la dépréciation qui s’en suit. Dans ce contexte, l’atteinte de l’âge de la maturité devient une obsession.

La trame déborde amplement les événements. Elle infiltre l’âme du garçonnet pour traduire sa sensibilité à fleur de peau. Heureusement, des femmes empathiques ont su lui donner le courage d’affronter l’enfer de son enfance. Objectif atteint quand se manifeste sa mère biologique. Alors, dit-il, comme le titre de l’œuvre, « dans mes yeux à moi, la vie apparaissait sous un jour nouveau ».

L’auteur profite de sa biographie fictive pour souligner les conditions sociales, qui prévalaient dans le Québec de la religiosité des années 1950. On ostracisait les femmes qui enfantaient en dehors des liens du mariage. Comme Éva, sa mère naturelle, elles héritaient de la honte que certaines tentaient de purger par une piété exemplaire pour obtenir le pardon divin.

C’est un roman populaire qui a le mérite d’être bien ficelé. L’écriture, sans être distinctive, coule comme une source. Et les rebondissements judicieux ajoutent à l’intérêt que la population porte à la vie privée des vedettes. Le même phénomène s’est produit avec Lise Dion, notre Anne Roumanoff, quand elle a écrit Le Coffret bleu, un récit sur un sujet connexe. C’est bien fait, mais fort peu prégnant en littérature.