Siegfried
de Jean Giraudoux

critiqué par Nance, le 4 janvier 2012
( - - ans)


La note:  étoiles
Inattendu
Au début, je croyais que c’était une pièce sur le héros nordique des Nibelungen (Giraudoux nous a habitué à des personnages mythiques), à ma grande surprise ce n’était pas le cas. Siegfried est amnésique depuis un accident lors de la première guerre mondiale. Il est devenu des années plus tard un grand homme politique, mais il cherche toujours à savoir qui il était et ça ne va pas tarder... C’est le combat d’un homme à deux patries, mais dont aucune n’est vraiment la sienne.

Ce n’est pas ma pièce de théâtre préférée du dramaturge, mais c’était inattendu, alors je m’attendais à tous, ça fait différent des pièces dont je connais l’histoire avant de l’entamer (Électre, Judith...). L’auteur a une belle plume, ça c’est lu très facilement. Giraudoux a aussi publié relativement à cette histoire, Siegfried et le Limousin (dont je n’ai entendu que du négatif, comme quoi c’était ennuyeux) et La fin de Siegfried (que j’ai trouvé inutile).

« C'est à son mystère que Siegfried doit sa popularité ! Celui que l'Allemagne regarde comme son sauveur, celui qui prétend la personnifier, lui est né soudain voilà six ans dans une gare de triage, sans mémoire, sans papiers et sans bagages. Les peuples sont comme les enfants, ils croient que les grands hommes arrivent au monde par un train... Au fond, l'Allemagne est flattée que son héros ne soit pas dû aux épanchements peu sacrés d'un couple bourgeois. Un juriste qui naît comme meurt un poète, quelle aventure ! Son amnésie a donné à ton Siegfried tous les passés, toutes les noblesses, et aussi, ce qui n'est pas inutile non plus à un homme d'État, toutes les rotures. Qu'il retrouve famille ou mémoire, et il redeviendra enfin notre égal... »
Un amnésique tiraillé entre deux pays rivaux 8 étoiles

Un important politique allemand, Siegfried, dirige son pays avec conscience et reconnaissance de ses concitoyens. Seulement, il ne connaît pas son passé, du fait qu'il est tombé amnésique pendant la guerre, où il était alors soldat. Il s'ensuit une interrogation cruciale et lancinante sur sa nationalité et ses origines : est-il réellement Allemand ? ou était-il Français ?
Ce sauveur inconnu et mystérieux ne manque pas de dignité et de gravité, le sujet étant traité sans effets excessifs.
Cette pièce fait réfléchir sur les réconciliations postérieures aux guerres, l'identité et ses conséquence sur les choix à opérer. Elle m'a bien plu.

Veneziano - Paris - 46 ans - 22 décembre 2018