Les nuits assassines
de J.-M. Goum (Scénario), Byun Ki-Hyun (Dessin)

critiqué par Shelton, le 2 janvier 2012
(Chalon-sur-Saône - 68 ans)


La note:  étoiles
Une rencontre Asie-Europe toute en bulles...
Je ne sais pas si les éditeurs qui ont provoqué cette rencontre entre auteurs coréens et français s’attendaient à une telle réussite, mais je dois avouer que j’ai été surpris par la qualité de ce travail entre deux auteurs qui ne se connaissaient pas. Cela m’a causé un tel choc que j’ai oublié de critiquer ou présenter cet album lors de sa sortie malgré une lecture enchantée… rattrapons donc cet oubli et commençons l’année 2012 par la présentation de ces « nuits assassines »…

Le scénario est diabolique, tout simplement. Le lecteur est manipulé du début à la fin, il n’a aucune de chance de voir venir les éléments de vérité, il ne peut que les subir lors de leurs apparitions progressives. Il faut dire au lecteur potentiel qu’il va plonger dans un thriller en bande dessinée. Qu’il n’espère pas trouver là une lecture pour enfant, ni que le dessin adoucira ses craintes… Non ! Rien de tout cela, il va connaître les angoisses au fur et à mesure, sans aucune pitié de la part des auteurs ! D’ailleurs, allez savoir, si ça se trouve le dessinateur ne savait pas la fin du drame avant de commencer à le dessiner !

Nous sommes en Autriche, en 1973… Tout commence par le décès d’un jeune homme, marié mais sans enfant. La jeune femme, Helga, devient veuve et plonge dans une période extrêmement délicate car ses relations avec sa belle-famille sont très tendues, et ce n’est pas peu dire ! Pourquoi tout cela est-il si lourd ? Parce que cette mort vient en rappeler une autre, celle du père d’Axel, le jeune mari décédé…

Pour la police locale, les choses se compliquent quand les morts suspectes se succèdent les unes aux autres. Il faut appeler un chien, un chien : nous sommes en présence d’une série de crimes ! Ou, autre hypothèse, il y a une malédiction qui s’abat sur la famille… mais la police, avec sa rationalité habituelle, n’y croit pas trop. Vous verrez bien ce que vous en penserez, du moins si vous avez encore la force de penser…

Le dessin et la narration graphique d’une façon générale sont entièrement dans l’esprit de la bande dessinée coréenne. Pour ceux qui ne connaissent pas encore les manhwas, précisons qu’il s’agit des bandes dessinées de Corée du Sud, le dessin est beaucoup plus proche du notre que celui des mangas japonais, que c’est en couleur et que la finesse du trait est assez dans l’esprit du récit bédé franco-belge. C’est du côté de la représentation des yeux que l’on trouve l’aspect le plus asiatique, mais on s’y fait très bien…

Le résultat sur cette série de nuits assassines est d’une force étonnante et j’ai été fasciné par cette lecture, ce suspense, ses personnages et ce mystère aux limites de l’acceptable… Je ne peux que vous pousser délicatement au cœur du drame en vous criant : Bonne chance !