La mort de près
de Maurice Genevoix

critiqué par Falgo, le 2 janvier 2012
(Lentilly - 85 ans)


La note:  étoiles
Voir la mort
C'est cette expérience bouleversante que Maurice Genevoix, revenant à la fin de sa vie sur la guerre de 14-18, raconte à ceux qui l'ont vécue et transmet à ceux qui ne la connaîtront jamais. Participer à des combats, c'est vivre au coeur de la mort, repasser par un lieu où l'on a vu tomber ses camarades et prendre cela comme une condamnation à mort. La force de ce livre est de conduire le lecteur par les mots dans des épisodes de guerre, de lui faire sentir l'effroi et la souffrance de la blessure et de la mort, mais aussi le courage de revenir dans une telle situation, la sorte de libération qui accompagne la sortie indemne d'une bataille et la peur constante d'y revenir parce qu'on a vu la crispation douloureuse des traits de celui qui a été frappé à mort et le sait.
Inoubliable.
Comment raconter ses propres morts? 9 étoiles

La question paraît surprenante, et c'est pourtant ce à quoi va s'atteler Maurice Genevoix dans ce court livre, confronté 3 fois à sa propre mort lors de la Grande Guerre, en annonçant de surcroît sa volonté de rester au plus près du réalisme et de l'objectivité.

Et effectivement, Maurice Genevoix nous épargne toutes les considérations mystico-vaseuses sur des tunnels lumineux au bout desquels régneraient des lumières blanches et des choeurs angéliques dans une grande impression de plénitude.

Il restitue d'abord - une fois de plus et la dernière, de sa plume précise, élégante sans emphase, la brutalité des combats de 14, avant de raconter avec précision ses 3 expériences, très différentes.

L'auteur nous emmène aussi près que possible de l'instant ultime, par la précision de son récit, de l'évocation des sensations... récit qui comporte une dimension paradoxale (presque ironique) dans le fait que la rencontre qui fut le plus près de lui coûter la vie semble celle où il ait eu le moins conscience que la Mort était là.

C'est un livre témoignage précieux sur une expérience humaine, aux portes d'un passage qui n'a pas eu lieu.

Olivierm38 - - 59 ans - 2 janvier 2013