Anatomie du désordre
de Emmanuel Moynot

critiqué par CC.RIDER, le 30 décembre 2011
( - 66 ans)


La note:  étoiles
Un certain charme
En 1904, à Paris, Eugène Pigot, un jeune peintre désargenté essaie de survivre en vendant une toile de ci de là. Un jour, son ami Philippe Lechat qui le suit pour le compte de la famille Stern découvre une toile curieuse qui retient son attention car elle ne ressemble à rien de connu à l'époque et pour cause, elle semble préfigurer de plusieurs années le cubisme. L'ennui, c'est que Bigot ne se souvient pas de l'avoir réalisée et quand on le pousse à recommencer dans ce style avec le même modèle, il n'y parvient pas. Ami du jeune Picasso auquel le succès commence déjà à sourire, Bigot, dont la première exposition est un échec, se laisse peu à peu aller à tous ses fantasmes et à toutes ses obsessions délirantes.
Cette biographie totalement inventée d'un peintre de la grande école de Paris ne manque pas d'un certain intérêt dans la mesure où elle semble inspirée de la vie de plusieurs artistes maudits n'ayant obtenu de notoriété que bien longtemps après leur mort, tels Van Gogh, Modigliani ou tant d'autres. Cette BD pose le problème de la création artistique, de la transposition du réel, du complexe de Pygmalion, du basculement dans la folie et même du business de l'art. Pendant que certains meurent de froid et de faim, d'autres spéculent et s'enrichissent sur leur travail. Plastiquement parlant, cet ouvrage assez brut de décoffrage (couleurs primaires, dessin à la hache) ne manque pas d'un certain charme surtout dans le rendu des états d'âmes délirants de l'artiste.