Sukran
de Jean-Pierre Andrevon

critiqué par Nabu, le 24 décembre 2011
(Paris - 38 ans)


La note:  étoiles
Une tuerie
Sukran nous emmène dans un Marseille uchronique mais si éloigné de notre réalité.

Roland est un ancien soldat ayant survécu au conflit au Moyen-Orient qui se retrouve sans le sou, à devoir grapiller sou et nourriture en jouant de la musique sur les grandes places de Marseille. Recruté par un riche entrepreneur, il va peu à peu monter dans la hiérarchie d’une organisation qui n’est pas aussi claire qu’il le pensait au début.

Jean-Pierre Andrevon nous emmène dans une espèce de thriller saupoudré d’une grande dose de cynisme. La chose qui m’a paru le plus intéressante est que le monde décrit paraît clairement différent du nôtre tout en étant pas si loin. L’auteur réussit ainsi à insérer des éléments qui m’ont fait dire « ah wé c’est clairement pas notre univers ça » mais à côté, des thèmes majeurs sont traités, qui malheureusement, eux, rappellent notre univers. Ainsi, le capitalisme à outrance, la géopolitique et les manipulations qu’elle engendre, sont abordés, mais tout ceci avec beaucoup de légèreté. Qualité apportée par le personnage principal : Rolland Cacciari.

Ce mec fait, à lui seul, la réussite de ce livre. Ok, l’auteur écrit admirablement et les pages coulent toutes seules sous les doigts. Mais ce Roland est tellement drôle et sympa, il a un œil critique sur tout mais porte ses jugements avec humour qu’il nous distrait pendant les 300 pages sans qu’on s’en rende compte. Mais ça ne serait pas rendre honneur à l'auteur de ne parler que de Roland tellement les autres personnages peuvent être touchants et vivants. Je pense ici à Potemkine la montagne de muscles, Mona, la petite fille ou encore les maîtresses de Roland.

Bref, un livre vraiment génial qui m’a surpris car je ne m’attendais pas à ce style d’écriture tout en finesse et vraiment drôle. Chapeau M. Andrevon.