Les ignorants : Récit d'une initiation croisée
de Étienne Davodeau

critiqué par Hervé28, le 22 décembre 2011
(Chartres - 55 ans)


La note:  étoiles
A déguster sans modération
J'ai découvert l'œuvre d'Etienne Davodeau assez tardivement. J'ai une nette préférence sur ses chroniques sociales, je l'avoue, comme "Un homme est mort" ou encore "Rural !"
Et là avec ce livre, je pense que Davodeau signe un véritable chef d'œuvre. Toujours ancré dans le milieu rural, l'auteur nous offre un regard croisé sur le travail de dessinateur et sur celui de vigneron. C'est intelligent, drôle, percutant mais surtout d'une sincérité débordante. Les portraits de" candide" au festival de Saint-Malo ou encore dans "les caves" sont justes et touchants.
Même si ce pavé est quelque peu déséquilibré en faveur du monde viticole, je ne peux que m'en réjouir car j'ai appris pas mal de choses en le lisant.
D'ailleurs, j'ai lu cette bande dessinée d'une traite tellement le récit d'Etienne Davodeau est passionnant.
En plus, phénomène assez rare, la lecture des "ignorants" donne envie de se replonger dans d'autres bd.("le photographe" ou les livres de Gibrat)
Bref, une lecture que je recommande fortement.
Quand un auteur de BD rencontre un vigneron 8 étoiles

BD
"Les ignorants" d'Etienne Davodeau (272p)
Ed. Futuropolis

Bonjour les fous de lectures....

Voici une BD originale, en effet il ne s'agit pas d'une histoire imaginée par son auteur mais de la retranscription de la rencontre entre deux amis de milieux complètement différents.
D'une part Etienne, l'auteur de BD, et de l'autre Richard, vigneron.
Ces deux-là sont aussi dissemblables que le dessin et la vigne mais ce sont deux passionnés qui vont tenter de faire passer leur passion à l'autre.
Pas toujours facile d'expliquer les arcanes de la vignes ou du monde de la BD;
Mais les deux compères vont jouer le jeu et être attentifs au domaine de prédilection de l'autre.
Chacun va découvrir, apprendre, faire de jolies rencontres et en sortir assez fier d'être un peu moins bête dans le domaine du pote.
Etienne ne connait ou rien ou peu au monde des vins.
Richard n'a qu'une approche très vague du monde de la BD.
Et pourtant la sauce prend...

Le pari de l'auteur ne s'arrête pas à cet échange passionné entre lui et son ami Richard.
Nous, les néophytes en BD et/ou oenologie, apprenons de beaucoup dans ces deux domaines.

Voici l'histoire graphique très ludique de ces deux compères.
Le graphisme quant à lui est simple, en noir et blanc... mais il n'en faut pas plus.

Bravo j'ai appris plein de choses.

Faby de Caparica - - 62 ans - 1 juin 2020


Bu, lu d'une traite. 9 étoiles

Riche idée que de faire une BD d'une telle amitié. Instructif parce que jamais didactique, intéressant puisque montrant des gens intéressés (pas sur le plan financier!), profondément sincère donc passionnant. Ajoutez à cela l'humour des deux hommes et au fur et à mesure, l'envie de découvrir plein d'autres bds (et de bouteilles?). Un seul regret, que Richard n'ait pas été producteur de champagne, ç'aurait permis un titre de critique plus percutant (n'importe quel jeu de mots avec des bulles).

Lobe - Vaud - 30 ans - 10 juin 2013


Une belle rencontre entre le vin et la BD 9 étoiles

Comme dans "Rural", Etienne Davodeau se met en scène, et ce n'est évidemment pas par égocentrisme. En effet, s’il maîtrise le sujet du neuvième art, il n’hésite pas se montrer « ignorant » en matière d’œnologie. Davodeau est avant tout le bédéaste de l’humain, attaché à montrer les « vrais gens ». Il mise sur l’authenticité et son trait est en accord avec lui-même. Il ne cherche pas à faire joli à tout prix, l’esbroufe n’est pas le genre de la maison, et certains lecteurs exigeants n’apprécieront peut-être pas son style. Mais Davodeau va à l’essentiel et s’il glisse par ci par là des paysages de vignes, ceux-ci dégagent davantage la propre sensibilité de l’auteur qu’une beauté formelle. Et lorsque ce dernier recourt au lavis noir et blanc, il le fait avec subtilité, et à cet égard, je trouve les ciels d’orage ou les reflets sur les trottoirs après la pluie très réussis.

Ce récit original est construit comme une quête initiatique, où chacun de deux protagonistes est en alternance le maître et l’élève. Cela confère une vraie dynamique à l’histoire qui sinon aurait pu paraître plus monotone. Et même si on ne s’intéresse au départ ni à la BD, ni au vin, on ne peut qu’y prendre du plaisir, car ce que célèbre Davodeau ici, c’est d’abord la richesse intrinsèque aux relations humaines, les rencontres (et il y en a !), en d’autres termes l’amitié tout court, simple, généreuse et sans calcul, celle qui se forge en trinquant, antithèse de l’amitié « facebook » de nos ultra modernes solitudes. Pour résumer l’affaire, on a tous (et souvent) quelque chose à apprendre de l’autre, si « ignorant » soit-il ! Il s’agit donc également d’une invitation à la curiosité et à la modestie – ce qui hélas n’empêchera peut-être pas certains messieurs « Je-Sais-Tout » de s’en servir pour briller en société… Une vraie leçon de vie, en somme.

On peut voir aussi ce livre comme un plaidoyer en faveur d’une viticulture traditionnelle, et à ce titre Richard Leroy est admirable dans sa détermination à renoncer au traitement chimique de ses vignes, à considérer la terre comme un être vivant, à la respecter, car pour Richard et ses amis vignerons qui se lancent dans l’aventure, c’est bien la terre qui fait le vin. Même l'utilisation du tracteur est néfaste d’après ces puristes, qui font cela par passion, tiennent à leur liberté et préfèrent produire de la qualité quitte à produire un peu moins... discréditant ainsi les choix productivistes d’une partie de leurs confrères sans pour autant souscrire au modèle bio. Et pourtant, ils n'ont pas pour autant de certitudes et on se rend compte que la viticulture n'est pas une science exacte... Tels des artistes, ils cherchent, explorent, expérimentent, se plantent parfois mais savent au moins ce qu'ils ne veulent pas...

Pour son initiation au neuvième art, Etienne emmène Richard sur les routes entre deux tailles de vigne. Ainsi on visite une imprimerie, on traîne ses guêtres dans des festivals, on cause bédé et on rend visite à des confrères (Jean-Pierre Gibrat, Marc-Antoine Mathieu, Emmanuel Guibert) ou à son éditeur (Futuropolis), et ce, en n’oubliant jamais de trinquer évidemment !

Mon verdict : le millésime Davodeau 2011 est exceptionnel, il est « droit », a « une belle chair », avec un petit goût capiteux qui demeure longtemps en bouche, à tel point qu’il donne vraiment très envie de le partager…

Blue Boy - Saint-Denis - - ans - 11 septembre 2012


Vanités 8 étoiles

Si on aime Les ignorants, c’est peut-être d’abord parce qu’on aime les sujets qu’il traite, qu’on est en quelque sorte déjà acquis à sa cause. De fait, donnez-moi du vin et des livres pour le reste de ma vie et je serai un homme heureux ! La question est donc de savoir si un tel livre aura la même résonance chez un béotien. C’est incertain. Pour autant que le béotien en question prête intérêt à l’un des deux sujets que traite cette bande dessinée, ce sera certainement une très bonne façon de lui faire découvrir le second. Quant à celui qui ne serait ni lecteur, ni buveur… Mais existe-t-il personne d’aussi triste ?

C’est que, Les ignorants, c’est une histoire d’affinités et de rencontres. Au début, il y a Etienne Davodeau et Richard Leroy, le bédéiste et le vigneron. Le premier aime ce que produit le second, mais ignore tout de son travail ; le second ne connaît rien à la bande dessinée. Comme l’indique le sous-titre, le livre est donc le fruit d’une initiation croisée : pendant un an, Davodeau va cultiver la vigne avec Leroy et l’initier en échange à la bande dessinée.

En leur compagnie, on taille la vigne et on parcourt les salons de BD ; on découvre le biodynamisme et les comics. Surtout, on prend beaucoup de plaisir à tourner les pages et à apprendre – il y a un peu de ce sentiment d’être un petit garçon qui découvre un monde en tournant les pages d’un livre… et qui veut prolonger l’expérience en goûtant tous ces vins et en lisant tous ces livres dont il est question ! Signe que c’est bien une réussite : Davodeau se montre grand pédagogue et ne se contente pas de raconter son expérience – il la partage avec le lecteur et l’initie à son tour.

Encore une fois, un ouvrage sur les vins et les livres ne pouvait que me séduire, reste donc à voir s’il aura le même effet sur une personne ne partageant pas ces intérêts. Soyons tout de même ambitieux et gageons que oui, car au-delà même de son sujet, ce livre comporte bien des qualités qui ne manqueront certainement pas de séduire les lecteurs, les buveurs et tous ceux qui le deviendront après lecture !

Stavroguine - Paris - 40 ans - 22 mai 2012


Plaisir bi-goût 10 étoiles

Pour ceux qui aiment les beaux livres (et pas seulement la bande-dessinée) et s'intéressent aux vins, voici un ouvrage double effet kiss-cool.

Car on intègre ici du bout des doigts deux milieux, deux mondes, deux microcosmes, où finalement les valeurs sont à peu de choses près les mêmes : créativité, honnêteté et partage.

La vigne, c'est le crayon.
Le fût, c'est la page.
Le livre, c'est la bouteille.

Lu7 - Amiens - 38 ans - 3 février 2012


Un incontournable 10 étoiles

J'ai trouvé le cadeau idéal pour Noël prochain ! Fini d'offrir le dernier Goncourt à ma belle soeur et une bouteille de très bon vin à mon frère. Cette année, je ferai l'alliance des deux et j'offrirai mon Goncourt à moi, une bande dessinée : "Les ignorants" d'Etienne Davodeau!
Tout d'abord, c'est un très bel objet : beau papier avec même un tranchefile (petit liseré de tissu au niveau de la reliure) comme dans les beaux livres et une magnifique illustration de couverture dans les tons gris/brun du meilleur effet.
Mais, comme pour les bons vins, le meilleur est à l'intérieur.
C'est le récit de deux initiations croisées durant un peu plus d'une année. Etienne Davodeau va travailler dans les vignes et le chai de son ami Richard Leroy qui, lui, devra découvrir le monde de la bande dessinée.
A priori, le postulat de départ ne semble pas passionnant, mais c'est sans compter le génie de l'auteur pour nous embarquer dans ce voyage initiatique.
Un voyage de 270 pages où le lecteur ne peut s'arracher à sa lecture et d'où il ressortira enrichi.
Au fil des rencontres des amis auteurs de Davodeau qui nous dévoilent leurs secrets de création et des amis vignerons de Leroy avec qui on débouche de bonnes bouteilles, j'ai été transporté dans deux mondes finalement pas si différents. Avec passion, les deux hommes sont des artistes de haute volée, qui, chacun dans leur coin, essayent de donner le meilleur d'eux même et dont les créations ont le pouvoir de rapprocher les humains.
Etienne Davodeau, au sommet de son art, nous livre le récit joyeux et serein d'une rencontre qui, grâce à son humanité et sa tendresse, offre à ses lecteurs le plaisir d'une lecture aussi riche et savoureuse qu'une bouteille de très grand vin. On pourra aussi trouver, en creux, la vision rassurante d'un monde de passions qui tourne le dos au libéralisme galopant en osant le partage sans réserve.

Pilyen - Le Mans - 67 ans - 8 janvier 2012