Cargo pour l'enfer
de Bernard Clavel

critiqué par Otbest, le 20 août 2002
(Bruxelles - 68 ans)


La note:  étoiles
Toujours d'actualité.
L'histoire en elle-même est assez banale. Un cargo, le Gabbiano, accoste quelque part dans la mer des Caraïbes pour charger des fûts. Dès l'approche du quai, une odeur effrayante assaille l'équipage. Il semble bien que les fûts, destinés à une usine de recyclage en Europe, ne contiennent pas nécessairement des produits non-dangereux.
Le cargo reprend la mer et son aventure commence car aucun port ne peut,ni ne veut acceuillir le cargo. Les ravitaillements se font au large des côtes. Entre-temps, certains fûts ont éclaté dans les cales et les hommes qui ont été en contact avec le produit sont gravement malades. Je ne vais pas raconter les différentes étapes du cargo, mais personne ne voulant de la cargaison, on propose moyennant faux documents d'ouvrir les soutes en plein océan.
Le commandant du cargo est un marin et jamais il n'acceptera de polluer intentionnellement la mer. Ce que la cargaison deviendra, vous le saurez en lisant le livre. Une fois de plus, Clavel nous fait réfléchir sur des problèmes bien actuels et qui sont plus qu'étouffés par les gains financiers qu'ils rapportent: la destruction de nos saloperies !!! Peu de gens y sont, encore aujourd'hui, sensibles. Il suffit de vous promener, à pieds, en vélo, en voiture et même en pédalo pour le constater. Alors que penser des multi-nationales de l'agro-alimentaire et autres qui elles aussi doivent bien "éliminer" leurs déchets! Quelqu'un un jour m'a dit: tu as un morceau de terrain un peu éloigné, fais-y un grand trou et propose de le remplir avec toutes les saloperies possibles et imaginables. Ta fortune est faite avec la merde des autres. Je ne suis pas riche. Alors me direz-vous, certains de nos politiciens y sont sensibles. Non, je n'y crois pas, ce n'est pas en nous obligeant à trier nos ordures que les solutions viendront. Elles sont bien plus en amont, là où se trouve les gros bénéfices ! Demandez l'avis des bretons !!!
Le radeau toxique de la méduse mutante. 4 étoiles

Effectivement ce rafiot qui trimbale des fûts toxiques est une belle métaphore de notre société d'hyper consommation qui engendre des déchets qu'elle ne maîtrise pas. Là dessus viennent se greffer des margoulins prêts à empocher les billets mais pas à assumer les problèmes.
De déroutes en changements de cap, le Gabbiano va de Charybde en Scylla et ses tonneaux toxiques sont eux aussi des Danaïdes.
Clavel dresse le portrait d'un équipage où les hommes sont égaux à eux-mêmes. Comme dans tous ses romans, humains et presque idylliques dans leurs comportements.
Un commandant légitime et probe, un équipage qui lui est dévoué corps et âmes, sauf quelques mutineries de pacotille et sans réelles ambitions d'aboutir.
Ce roman fiction basé sur une triste réalité, celle de la pollution des mers et des terres, pèche un peu par un style plat comme une mer d'huile. Le suspense est quasi absent, pas grand chose à retenir, sinon que toujours des bateaux bombes à retardements sillonnent nos mers et mettent en péril nos terres.

Hexagone - - 53 ans - 27 mars 2011