Petite musique de la mort
de Frank Tallis

critiqué par Shelton, le 14 décembre 2011
(Chalon-sur-Saône - 68 ans)


La note:  étoiles
Fin de série mais de très bonne qualité. Pour le plaisir du lecteur !
Je viens d’apprendre que je venais de lire le dernier polar de cette série « Les carnets de Max Liebermann ». Je m’en doutais un peu car le roman se termine au moment où Vienne est sur le point de basculer dans la guerre, la première guerre mondiale, c’est à dire à la veille de la chute de cette grande Vienne impériale que Frank Tallis a pris pour cadre de ses six romans policiers… Mais j’espérais quand même un peu que nous suivrions d’une façon ou d’une autre nos deux personnages clefs, Oskar Rheinhardt, inspecteur de police de la ville au service de l’Empereur, et Max Liebermann, jeune médecin, plus ou moins disciple de Freud, amoureux transis ou presque de la belle Anglaise Amelia Lydgate…

Mais, soyons honnêtes et optimistes, une série courte, bien écrite jusqu’à la fin, qui trouve une fin logique et agréable à lire, ce sont bien les constituants raisonnables d’une bonne série. Ne boudons donc pas notre plaisir et félicitons cet auteur qui a su stopper au bon moment, avant d’avoir lassé ses lecteurs !

Cette fois-ci, Vienne se réveille avec le cadavre d’une chanteuse d’opéra. Crime ou suicide, rien n’est définitif, et Oskar Rheinhardt est sur place pour les premières constations et se faire une idée sur les conditions de la mort.

Très rapidement, on pénètre dans ce monde des divas, de la jalousie entre artistes et la hiérarchie musicale où règne, en ces temps-là à Vienne, un certain Gustav Mahler. C’est une des grandes particularités de la série que de nous faire côtoyer des personnages célèbres, ayant bien vécu à Vienne et rencontrant nos deux héros, eux bien personnages de fiction.

Max Liebermann, lui, va conseiller Oskar dans son enquête tout en prenant le temps de converser longuement avec un autre personnage de l’Histoire, un certain Sigmund Freud. Cela permet de prendre connaissance de diverses controverses qui agitaient le monde médical viennois en ce début de vingtième siècle. Reconnaissons que l’ami Max sera moins percutant que dans d’autres romans car il est pris par une double préoccupation. Il enquête, de façon indépendante et libre, sur la mort d’un certain musicien, Freimark… Il soupçonne un crime déjà vieux de quelques années…

Mais ce n’est pas la seule activité de Max qui aimerait, aussi, enfin, déjà, trouver la femme de sa vie ! Son ancienne fiancée, peut-être ? Son amie Amelia, pourquoi pas ? Ou, alors, une nouvelle connaissance, cette belle voisine lors d’une soirée à l’opéra ? Il lui faudra franchir le pas, son Rubicon, et contrairement à ce que l’on pourrait croire, ce n’est pas si simple pour un psy de se comporter en homme, tout simplement…

Quant à l’enquête policière elle-même, elle va donner l’occasion de croiser quelques personnages important de la ville de Vienne et de l’Empire, au moment où le grand équilibre européen est en train de basculer dans le vide…

Comme d’habitude, un roman très bien écrit et construit, une série de grande qualité, une traduction soignée et un grand plaisir pour le lecteur !
Un sixième tome efficace. 8 étoiles

Assassinée, la cantatrice Ida Rosenkrantz n'a pas fini de taire ses secrets. Les pistes sont minces et la liste vertigineuse de ses amants multiplie les suspects.
Pour pénétrer le caractère complexe et instable de la victime, Max Liebermann devra pousser plus loin que jamais son raisonnement.

Sixième et avant-dernier volet des carnets de Max Liebermann, La Valse de Méphisto étant sorti entre-temps, Petite musique de la mort porte bien son nom. J’ai retrouvé avec plaisir les deux personnages principaux de cette série policière. L’enquête est bien menée, dans un rythme ni trop, ni pas assez soutenu. Nous sommes toujours plongés au cœur d’une Vienne effervescente mais dont les rouages politiques commencent à prendre forme avec l’issue que nous connaissons tous.
A l’enquête principale se greffe également l’éclairage recherché par Max concernant un accident semble-t-il banal. La mort d’un jeune compositeur prometteur en étant la finalité. Cette enquête parallèle apporte un réel plus et un nouveau souffle au récit.
Les petits à-côtés font toujours mouche: le milieu de l'opéra, les grands compositeurs et chefs d'orchestres, Freud, personnage tiers mais enrichissant et surtout les nombreuses évocations à propos de la délicieuse cuisine autrichienne et ses sublimes pâtisseries: Miiiaaammmmm! J'ai à chaque fois en tête les pâtisseries du Hofburg cafe! Armes de destructions caloriques massives mais tellement bonnes.

Un sixième tome qui tient ses promesses : efficace.

Sundernono - Nice - 41 ans - 12 octobre 2020