Sanguines : Croquis politiques
de Philippe Meyer

critiqué par Jlc, le 13 décembre 2011
( - 81 ans)


La note:  étoiles
Egratignures
Philippe Meyer est un fin lettré, talentueux chroniqueur, malicieux animateur d’une des meilleures émissions radiophoniques et un écrivain au style élégant. Après différents portraits de personnalités, il croque ici quelques personnages politiques qui font aujourd’hui l’actualité.

Son carnet de dessins va de Nicolas Sarkozy à la « manie compulsive de tout affaiblir en l’exagérant » à Jean-Luc Mélanchon, qualifié d'« Agénor Fenouillard (qui) aura fait monter les siens dans un train qui ne saurait les conduire nulle part pour l’excellente raison qu’il ne partira jamais ». Martine Aubry est dessinée à la pointe sèche d’une citation de François Mitterrand qui la trouvait « trop méchante pour réussir ». Si Nicolas Hulot ne fut qu’un « simulacre de candidat », Dominique Strauss Khan n’eut pas le temps de l’être et le portrait de ce « docteur Folimage » se résume à un codicille. Il rappelle à Eva Joly que « la politique est un métier . C’est l’art de convaincre, d’entraîner derrière ou avec soi en proposant des objectifs qui paraissent à portée de décision et de volonté ». Arnaud Montebourg qui est un « turlupin pas du tout impétrant , un camelot du moi » me paraît traité avec la même acuité que l’autre « Quadra », Jean-François Copé chez qui « rien ne ressemble à une vision politique, à un projet ». François Fillon et François Hollande sont moins égratignés, le premier « bourgeois, catholique, de la Sarthe » auquel Philippe Meyer reconnaît la constance et l’autre dont la réputation d’indécis tiendrait au fait que si « certains ont des alliés, d’autres des vassaux, d’autres encore des clients. François Hollande a des amis ».

C’est très bien écrit, brillant comme l’exige le genre et souvent bien vu. Les meilleurs croquis sont ceux des personnages qui inspirent à l’auteur un certain agacement voire de l’antipathie, notamment Nicolas Sarkozy et Martine Aubry. D’autres sont moins saisissants faute de sujet. Ainsi le portrait de Nicolas Hulot est aussi terne que le personnage et ce chapitre n’est sauvé que par la page éblouissante sur Geneviève de Fontenay car « Nicolas Hulot n’a rien à dire sur tout. Geneviève de Fontenay ,si. » On pourra reprocher à Philippe Meyer d’être parfois trop conciliant et au fond ces sanguines ne sont que des égratignures.

Un livre qui vous fera passer un bon moment mais qu’il faut lire vite car de qui se souviendra-t-on lorsque ces égratignures auront séché ?