Correspondance
de Paul Léautaud

critiqué par AmauryWatremez, le 13 décembre 2011
(Evreux - 55 ans)


La note:  étoiles
un cynique au grand coeur
Léautaud déteste le monde entier dira le conformisme de notre époque.
En fait il voit les autres tels qu'ils sont dans leurs postures pitoyables et leurs prises de positions sans grandeur. Il combat contre le "trop littéraire" et le "Tout Paris" littéraire mais intrigue pour se faire reconnaître par les grands de la littérature. C'est une écriture directe et acide, caustique et sans détours, qui s'adresse à Paul Valéry, André Gide ou Pierre Louys, sa cousine, la présidente de la SPA, ou le concierge de la rue d'en face...
La présentation commerciale de la quatrième de couverture du livre dans cette édition oublie une chose indispensable, pour la compréhension de l'auteur, qui est la blessure de l'amour qu'il portait à sa mère. C'est un homme blessé, fragile et sensible à la limite de la folie, égoïste monstrueux et misanthrope plein de compassion mais seulement pour les animaux. La littérature est pour lui une maîtresse exigeante, il déteste les effets de style creux et les affèteries pour faire bien, il aurait détesté la plupart des bouquins, on ne peut pas appeler ça des livres, qui sortent actuellement.
Sans blessures, il n'y aurait pas beaucoup de littérature intéressante, préjugé confortable, et une blessure ne donne pas forcément le talent de Paul Léautaud. Mais les humeurs parfois malignes qui suintent de la sienne, ouverte, qui sont passionnantes. On se rappellera aussi de la phrase de Moravia enore une fois conseillant de se nourrir du désespoir pour vivre. La conscience humaine n'a pas beaucoup évolué depuis que l'être humain s'est organisé en sociétés. Il y a de temps en temps quelques êtres hors-normes qui donnent l'impression d'un progrès, ou qui mettent le déplorable animal humain face à ses contradictions, ses mensonges et ses petitesses.