Communards en Nouvelle-Calédonie, Histoire de la déportation
de Jean Baronnet, Jean Chalou

critiqué par Chene, le 12 décembre 2011
(Tours - 54 ans)


La note:  étoiles
La déportation des prisonniers politiques de France en …1871
En 1871, après la guerre franco-allemande perdue par la France, éclatait la commune de Paris. Si cet événement est bien connu dans l’histoire de France, la répression de ce mouvement et la déportation qui s'ensuivit l’est moins. En effet, la commune de Paris s’est achevée dans un bain de sang. Ce fut une mini guerre civile franco-française devant les yeux de l’armée allemande qui occupait alors Paris.
On estime que 20 000 communards furent exécutés sans aucune forme de procès pendant la reprise de Paris par les Versaillais. 4 500 prisonniers seront déportés en Nouvelle Calédonie.
La Nouvelle Calédonie était un bagne. Il a précédé celui de la Guyane. Dans ce bagne, on enverra aussi les révoltés de la Kabylie d’Algérie.
Après avoir subi les cours prévôtales, les prisonniers de la Commune connaîtront des conditions de détention et de déportation incroyablement dures. Les prisonniers sont d’abord entassés dans des prisons à Versailles « dans une salle 300 condamnés vivent au milieu de la vermine et des odeurs pestilentielles. Nombreux sont ceux qui s’abandonnent à leurs passions brutales ». Puis depuis Paris jusqu’aux ports de l’Ouest les communards sont entassés dans des wagons à bestiaux comme vont l’être 70 ans plus tard, les prisonniers politiques, juifs et tziganes des nazis. Les nazis n’ont pas inventé les trains à bestiaux de la déportation, le gouvernement de Adolphe Thiers (encore un Adolphe ?) l’avait fait avec les communards. Le voyage en bateau qui dure plusieurs mois est également terrible.
Les auteurs racontent avec un luxe de détails et de précisions, la vie de ces déportés dans la Nouvelle Calédonie des années 1870, depuis les jours de l’insurrection de la Commune jusqu’à leur retour. La plus célèbre des déportées fut Louise Michel. Ce fut aussi une des rares à s’intéresser aux Kanak et à leur culture. Elle fut même institutrice à Nouméa. Il y a aussi les évasions dont celle réussie de Rochefort. Enfin, ceux qui sont restés et qui sont mort de maladie, de folie ou de suicide. En 1880 les communards seront graciés et amnistiés. Pour ceux qui sont encore en vie c’est le retour en France. Cependant un grand nombre est déjà enterré dans les cimetières calédoniens, et un petit nombre restera là bas et feront souche. Les Kabyles insurgés qui furent amenés d’Algérie dans ce bagne de l’autre bout du monde resteront pour leur grande partie en Nouvelle Calédonie. Ils n’ont pas été rapatriés.
Une page sombre vraiment méconnue de l’histoire de France.