Mon nom est Rouge
de Orhan Pamuk

critiqué par Esperluette, le 19 août 2002
(* - 52 ans)


La note:  étoiles
kaléidoscope oriental
Roman policier, fresque historique, critique sociale et religieuse… si je trouve ce roman inclassable, en tout cas je peux le mettre en tête sur la liste de mes lectures de l’année.
L'histoire commence en 1591. Istanbul est sous la neige. Le premier personnage à prendre la parole est… un cadavre. Depuis le trou où son meurtrier l'a jeté, Monsieur Délicat (c'est son nom) tente de faire la lumière sur son assassinat. Il s'agit, dit-il, d'un complot contre l'empire ottoman et sa culture. Depuis des générations, les miniaturistes s'abîment les yeux sur des manuscrits dont les techniques respectent scrupuleusement les lois de l’islam. Lorsque le sultan commande à ses ateliers un ouvrage illustré à la manière italienne, c'est tentant, certes, mais surtout très risqué. N’est-ce pas pêcher et idolâtrie que de représenter les visages des hommes avec tous les détails de leurs traits ?
Orhan Pamuk qui, semble-t-il, aime se jouer de son lecteur, multiplie pirouettes et pieds de nez. Par exemple, il se met lui- même en scène, sous les traits d'Orhan, fils de Skékuré (une jeune veuve au caractère ombrageux, dont le modèle est, parait-il, la mère d’Orhan Pamuk elle- même). Parmi les narrateurs incongrus, on peut citer : un chien, un arbre, un écu d’argent et une couleur…
Qu'importe mon nom... 4 étoiles

Roman écrit à la manière des contes d'Orient.
Beaucoup de personnages font qu'il faut être attentif pour ne pas les mélanger et suivre leur propre histoire.
Le style de l'auteur est poétique.
Ce que je reproche à ce livre est qu'il y a trop de répétitions. Tout tourne inlassablement en boucle autour de trois thèmes majeurs soit, mais qui en deviennent lassants pour le lecteur. L'histoire traîne en longueur et en passivité.
Ces thèmes bien traités mais répétitifs sont l'assassinat d'un enlumineur, l'amour quasi impossible de deux personnes et l'art d'illustrer un livre hors du commun.
La lecture est intéressante mais devient au fil des pages pesante.
Je recommande pourtant ce livre. Il faut juste savoir s'accrocher un peu plus qu'à l'ordinaire.

Jordanévie - - 49 ans - 19 février 2024


Polar médiéval en pays ottoman 6 étoiles

Très documenté, très détaillé, ce roman historique ou polar, ou …est difficile à classer, j’ai bien aimé une critique qui le qualifie de « Roman médiéval en pays ottoman »
Ce récit, très intéressant et bien écrit, demande au lecteur une attention soutenue, l’histoire haletante, s’épuise parfois dans des longueurs.
J’aime beaucoup les romans de Orhan PAMUK mais celui-ci ne m’a pas séduite.

Ichampas - Saint-Gille - 60 ans - 25 janvier 2015


Une bonne critique morale, mais des longueurs 7 étoiles

Ce roman choral offre bien une bonne critique morale des effets de l'emprise de la religion et de l'obscurantisme, par ce polar médiéval en pays ottoman. Le procédé narratif par cette suite de points de vue successifs, par chaque personnage, est original et assez brillant.
Mais, du coup, cela amène quelques répétitions, et, encore davantage, des longueurs assez pesantes, qui rendent le récit quelque peu pesant.
En outre, si j'approuve la condamnation des pratiques sectaires et discriminantes qui est ici faite, le climat en devient vite assez lourd, presque étouffant. Cela prouve que l'objectif est atteint, mais au prix de la sueur et des larmes.

C'est intéressant, ça vaut le coup, même si c'est un peu long et assez dur.

Veneziano - Paris - 46 ans - 9 août 2014


Miniatures persanes... 6 étoiles

À la façon d'une miniature persane, ce livre comporte une infinité de détails, à la limite de la répétition.
Il nous emporte dans le monde des peintres miniaturistes du XVIe siècle, de son mode de vie, de sa culture, de ses angoisses. Il insiste sur l'évolution complètement différente de la peinture en Occident qui découvre la perspective et qui s'adonne à l'art du portrait et les doutes qu'elle génère dans la pratique de la miniature.

Nous sommes immergés, grâce à l’érudition exceptionnelle de l’auteur, dans un milieu d'artistes, de peintres, de graveurs, d’enlumineurs, de miniaturistes; certes tous des gens très intéressants, mais un univers hermétique où s’entremêlent cultures perse, indienne, chinoise et surtout, l'intruse, la culture occidentale!
Nous découvrons les ruelles d'Istanbul sous la neige, les rites funéraires, l'importance du sultan, la terreur-admiration inhérente au personnage, à travers une histoire d'amour et une sorte d'enquête policière.

Bien sûr on y aborde le statut de la femme, la domination de l'homme, père, mari ou la famille de celui-ci, les trafics de tous genres, la corruption, la drogue, le vagabondage, l'hérésie, le sacrilège, les rivalités professionnelles, la stigmatisation du juif, l'homosexualité et la pédérastie, l'érotisme, etc.
Tout cela dans un climat d'interdits, de violence extrême, de coups, de meurtres, d'assassinats, de sang versé, de sacrifices...
Récit très riche en couleurs !

Cette culture foisonnante d’éléments épidermiques: touchers, embrassades, corps à corps, caresses, tendresses excessives, sanglots, pleurs, gémissements, larmes, m'a souvent lassée...
Ce pavé m’est souvent tombé des mains, malgré ses sept cents pages et plus, je n’ai jamais réussi à découvrir le moindre interstice par où m’introduire…
J'ai retenu la méfiance de cette civilisation de tout ce qui était extérieur à eux, de tout ce qui était l’autre, la cécité pour le nouveau; le rejet, le combat pour se protéger de ce qui vient de l'Occident, le refus de la créativité; aussi, la méfiance réciproque de deux cultures qui s'ignorent et se fuient, sujet toujours, ô combien, d'actualité!

FranBlan - Montréal, Québec - 82 ans - 20 novembre 2013


Je ferai court 8 étoiles

Qu'ajouter si ce n'est que ce livre est prenant et marquant . . . .
Une immersion dans la culture ottomane.

Fluov - - 56 ans - 14 juin 2012


Mon nom est Déception 6 étoiles

Puisque l’auteur donne la parole à un arbre, un cadavre, un cheval, au diable, un lecteur peut aussi la donner à un sentiment et je l’appellerai Déception.

J’ai ouvert ce roman avec l’espoir de me laisser emporter par une histoire sensuelle et compliquée comme le sont souvent les contes orientaux, séduire par une construction ingénieuse qui s’inspire des ateliers de peinture de l’époque où chacun apporte sa touche, éblouir par le chatoiement des couleurs qui « ne sont pas des signes mais des sensations », captiver par la rivalité entre la peinture persane où le peintre « représente le monde tel qu’il est aux yeux de Dieu » et l’école de Venise qui le montre tel que l’artiste le voit .

Les premiers chapitres tiennent la promesse. « Mon nom est rouge » est un livre puissant, remarquablement mis en scène, abondant d’anecdotes et éclairé par une érudition exceptionnelle. Mais à vouloir trop dire, l’auteur risque de provoquer l’overdose chez le lecteur qui n’est pas suffisamment initié à la culture ottomane. Pamuk écrit trop facilement et je me suis perdu (et parfois ennuyé) dans cet entrelacement d’histoires, de réflexions sur l’art, de considérations sur des civilisations différentes. L’auteur écrit avec un art consommé sur les miniatures mais jamais de façon minimaliste. L’intrigue « policière » est trop diluée dans le récit pour créer l’intérêt et par là le suspense, d’autant plus que les suspects ne sont que des personnages secondaires. L’histoire d’amour entre Shékuré et Le Noir n’est pas sans beauté mais un peu gâchée par l’indécision des personnages. La comparaison entre l’art persan et l’art vénitien m’a paru fastidieuse car répétitive et trop détaillée avec toutefois très souvent des remarques de grande qualité, telle celle-ci : « En regardant longtemps, on entre dans le temps d’une image regardée ». Mais nous sommes dans un roman et non dans un traité sur l’histoire de l’art. Un lecteur avisé (ce que je n’ai pas su être) saura sauter des pages.

Ma déception est à la hauteur du bonheur que j’attendais. Mais ce n’est qu’un avis et Orhan Pamuk me paraît un auteur trop important pour que je n’aille pas un jour ou l’autre rôder à nouveau autour d’un autre de ses livres.

Jlc - - 81 ans - 3 août 2011


Histoire d'un choc culturel : allégorie de notre monde ? 7 étoiles

Par ses descriptions imagées et minutieuses, l'auteur nous projette au coeur de ces miniatures ottomanes qui forment l'univers de ses personnages.

Car le sujet du livre est bien plus la confrontation entre la tradition des peintres ottomans et la manière nouvelle apportée par la peinture vénitienne que la recherche d'un assassin, le tout baigné de l'influence religieuse musulmane. Le repli artistique qui s'annonce à la suite de cette confrontation préfigure-t-il les conséquences de l'emprise du religieux dans l'islam actuel?

Toutefois le dépaysement, l'exotisme de cette immersion dans l'Istambul du XVIè siècle est rendu laborieux par des phrases chargées d'inversions, des structures hachées qui brisent le rythme de la lecture et la rendent même pénible par moments. Était-ce ainsi dans l'original turc? Je présume que non.

Angreval - Brossard - 78 ans - 11 août 2010


Un roman fleuve. 8 étoiles

Le livre est brillant par son mode narratif qui fait penser à la tradition des conteurs ottomans, chaque chapitre est narré par un personnage différent (voir un animal, un objet ou une couleur), s’adressant parfois directement au lecteur. L’exercice devient très habile quand l’un des personnages s’adresse à nous sous sa double identité d’homme publique cachant son état de meurtrier ou de meurtrier cachant son identité publique… Le récit mélange habilement quête sentimentale et enquête policière et nous tient souvent en haleine.
Un livre extrêmement riche dans sa reconstitution du lieu et de l’époque (Istanbul au 16ième siècle): la vie istanbuliote, la vénération et le pouvoir absolu du Sultan, l’histoire de la région, les mœurs sociales(le poids du mariage), le rôle de la religion. Il est en particulier une ode à l’art de la miniature musulmane.
C’est là que le livre pêche car il faut bien avouer que le nombre des descriptions, des références aux livres et aux écoles anciennes de peintures devient lassant à la longue.
Comme dans Neige (de sujet et de style complètement différents), on retrouve dans l’histoire d’amour un héros masculin faible qui ne cesse d’être manipulé tout au long de l’histoire et une femme hésitante dont l’amour est loin d’être aussi pur qu’on s’y attendrait.
Un livre qui malgré sa longueur mérite amplement que l'on s'y arrête.

Grégoire M - Grenoble - 49 ans - 1 août 2010


Son de cloche différent 5 étoiles

Attirée par toutes ces belles critiques prometteuses, je me suis attelée à la lecture de cette brique, espérant qu’elle me fasse voir monts et merveilles. Pour moi, ce fut plutôt « Waterloo morne plaine ». Beaucoup ne me comprendront pas car le livre présente des « historiettes » à foison. Mais justement… Pléthore ne veut pas toujours dire qualité.

La trame principale est intéressante : Le Noir revient au pays et en profite pour séduire Shékuré dont il est amoureux depuis toujours. Le père de cette dernière est assassiné et Le Noir jure à son aimée de trouver le coupable. Histoires d’amour et de meurtre. Malheureusement, à force de greffer d’autres histoires pseudo-philosophico-sociologiques, des contes orientaux et autres descriptions d’œuvres miniaturistes à n’en plus finir, la narration devient … barbante… Et si on y réfléchit bien, sur les 736 pages, bien peu sont consacrées aux deux intrigues principales.

De même, Shékuré m’a vite agacée. Cette femme oscille, ne prend pas ses responsabilités, se cache derrière ses enfants, se laisse porter par les événements, n’est pas franche, tourne autour du pot, aime mais n’aime pas vraiment pour finir par aimer quand même, grrr, deux claques, oui !

Non, vraiment, rien ne m’a plu dans ce livre, ni l’histoire, ni les personnages, ni le style. Les trois dernières pages, peut-être, à la limite…

Saint-Germain-des-Prés - Liernu - 56 ans - 4 juin 2008


Moi le lecteur 8 étoiles

Comme il y a déjà trois excellents résumés de ce livre, je me contenterai de donner mon avis. A n’en pas douter, Orhan Pamuk a du talent et beaucoup d’érudition. Son histoire est vivante. Nous sommes véritablement plongés dans la ville d’Istanbul en 1591, avec tous ses aspects orientaux et islamiques. Certains passages sont prenants mais d’autres, bien que rythmés manquent un peu d’intérêt à mon goût. Les innombrables et redondantes explications à propos du style m’ont lassé à la longue, le passage dans la grande salle du trésor en particulier. Toutes ces descriptions de scènes peintes tournaient un peu dans le vide puisque je n’avais aucune référence visuelle sinon la couverture.
L’enquête policière n’est qu’un prétexte pour comparer les styles et parler des écoles de peinture. Sinon quelle importance pour nous que ce soit un peintre ou l’autre puisque nous ne les connaissons pas. Ce n’est qu’aux deux tiers du livre que nous pouvons mieux distinguer les personnalités des trois suspects (Olive, Cigogne et Papillon) et que l’histoire gagne à nouveau en intérêt.
Le style colle parfaitement à l’époque. L’écriture est très fouillée et recherchée (saluons au passage l’excellente traduction). J’ai eu assez régulièrement recours à mon dictionnaire. Cependant quelques phrases m’ont semblé trop longues, surchargées de compléments. Je me suis parfois demandé quel était encore le sujet du verbe que je lisais tant ils se retrouvaient éloignés l’un de l’autre.
En résumé, ce livre m’a parfois fait bailler, mais comment ne pas être en admiration face à tant de connaissance et de maîtrise. Je me dis alors que je n’ai sans doute pas la culture (orientale) et la passion nécessaire pour en profiter pleinement. Cet ouvrage m’a fait passer de longs mais bons moments, à moi le lecteur.

Jean Meurtrier - Tilff - 49 ans - 6 janvier 2007


Polychromie policière 10 étoiles

Istanbul, 1591. Le cadavre d’un enlumineur s’adresse au lecteur. Il connaît son assassin et son mobile…
Vu ainsi, ce fabuleux roman polyphonique paraît un peu banal, on songe à un roman policier volumineux (736 pages quand même) dans un environnement exotique. Après tout, l’empire ottoman n’est pas mis en scène tous les jours. Mais non, Orhan Pamuk nous offre un ouvrage un peu OVNI dans lequel les personnages s’adressent directement au lecteur par le « je ». De fait, l’auteur est omniscient, capable de laisser filtrer lentement les informations nécessaires au lecteur découvrant, au fil des pages, l’intrigue.
Or, cette intrigue est loin de se limiter à une simple affaire de meurtre. Le cadavre est celui d’un enlumineur dévot, proche d’un mouvement de prédication intégriste de l’Islam. L’Assassin… et bien, je ne vous en dirai rien sinon qu’il est l’un des trois peintres restants parmi les d’Osman, Grand Maître de l’Atelier du Sultan, Olive, Cigogne ou Papillon.
L’enquête est menée par Le Noir, ancien élève de l’atelier qui a changé de voie et qui, de retour à Istanbul après 12 ans de voyages, retombe amoureux de Shékuré, fille de son oncle qui le lui a refusé 12 ans auparavant. Et cet oncle a été désigné par le Sultan pour réaliser un ouvrage d’un genre particulier puisqu’il imite le style occidental considéré comme impie par les puristes de l’art oriental puisque la perspective met la vision de l’homme au centre de tout. Inversement, la peinture orientale présente les choses avec la vision de Dieu, une vision hors du temps, sans préoccupation de style. Le fait même se signer une œuvre semble une forme d’orgueil.
Peut-être peut-on oser une comparaison avec un roman de Zola, L’Œuvre. Dans les deux cas, l’art est un élément central de l’histoire mais chez Zola, la recherche éperdue du tableau parfait conduit au malheur, à la déchéance, à la mort. Pour Orhan Pamuk, qui s’inscrit dans l’histoire de l’art oriental, la perfection n’arrive qu’avec l’âge, l’exercice maintes fois répété, la technique et une abnégation de chaque instant face au talent que Dieu a donné à l’artiste. Dans cette tradition, devenir est une bénédiction puisque la cécité est supposée ouvrir au peintre la vision ultime, la plus proche de Dieu.
Le roman est difficile à résumer car il mêle étroitement la peinture, la religion, l’amour, les ambitions personnelles. Le roman lui-même semble construit à la manière des miniatures persanes, par touches successives, chaque intervenant apportant sa contribution personnelle l’un après l’autre. C’est pourquoi chaque chapitre porte le nom du locuteur ; seul l’assassin possède une double voix puisqu’il nous est inconnu. Même les diverses images qui forment le livre commandé secrètement par le Sultan interviennent en leur nom propre dans le roman, lui donnant une touche singulière et unique. L’auteur dresse un pont entre les contes de Mille et une nuits et les textes occidentaux avec une rare maitrise qui faut saluer.


Numanuma - Tours - 51 ans - 13 décembre 2006


LE NOM DE LA ROSE... FACON ORIENTALE... 10 étoiles

Que dire sur ce magnifique livre, et par où commencer à en parler...

Peut-être par sa structure narrative très étonnante au début de la lecture, composée de manière polyphonique.
Le récit nous est tour à tour raconté par la tête d'un cadavre (assassiné et jeté au fond d'un puits), un dessin, une couleur, l'assassin lui même, un chien, une monnaie, un cheval... et bien sûr les principaux personnages eux mêmes. Tous nous donnent leur version de l'histoire et n'hésitent d'ailleurs pas à s'adresser directement au lecteur lui même, pour lui faire des remarques ou lui raconter son point de vue...

Le Noir (non pas la couleur, c'est le nom d'un des principaux personnages...) se lance donc dans une sorte d'enquête policière afin de déterminer qui à tué le peintre retrouvé au fond du puits, ainsi que "Mon Oncle" (non, pas le mien, c'est aussi le nom d'un des personnages...).

Ce faisant il espère trouver l'assassin de son mentor, mais aussi et surtout séduire la très belle fille de celui-ci, la jeune (et un peu volage) Shékure.

L'enquête s'oriente très rapidement vers trois peintres, Papillon, Cigogne et Olive, qui tous ont trahi leur école de peinture, pour venir chez "Mon Oncle" peindre les miniatures, d'un mystérieux livre peint pour la première fois en orient, à la façon "occidentale"...

Mais résumer le livre à une enquête policière est vraiment réducteur!
Ainsi on apprend beaucoup de choses sur l'art occidental de la miniature, la façon de peindre, les techniques de peinture, l'histoire des plus grands et plus rares manuscrits, des grands miniaturistes... le tout sur fond de rivalité que se livrent les grands ateliers de peinture et leurs meilleurs peintres...

Mais aussi beaucoup sur les moeurs de l'époque (Istanbul en 1591), les guerres qui se livrent ou qui ont été livrées, la vie quotidienne, on suit une entremetteuse, on assiste à un mariage, on vit les moeurs dissolues en vogue dans les écoles de peinture de l'époque...

Enfin, les personnages sont vraiment très attachants, surtout Le Noir, dans sa quête éperdue de la vérité et Shékuré dans son très beau rôle de mère, de veuve, d'amante, de femme en proie à des doutes tout simplement...

Le livre est vraiment exceptionnel et bien que sa langueur (plus de 700 pages) puisse en rebuter quelques uns, je le conseille sans restrictions à tous... et plus spécialement à tous ceux qui ont aimé "Le nom de la Rose" d'umberto ECO, dont ce livre constitue le véritable pendant oriental.

On y retrouve d'ailleurs quelque-uns des ingrédients qui ont fait le succès international de l'auteur italien... ainsi p. ex. le manuscrit est ici remplacé par une miniature, les assassinats sont toujours là... et la sorcellerie est ici remplacée par la façon de peindre...

Rien à redire, un monument par le plus grand écrivain Turc actuel, et sans doute futur prix Nobel de Littérature...

Septularisen - - - ans - 20 novembre 2005