Drag
de Marie-Christine Arbour

critiqué par Libris québécis, le 9 décembre 2011
(Montréal - 82 ans)


La note:  étoiles
Les Travestis de Vancouver
Déçues par le marché des cœurs à vendre, les femmes délaissées, en quête de l’âme sœur, empruntent souvent des sentiers singuliers.

C'est le drame de Claire, une artiste peintre québécoise, expulsée de l'enfance dès l'école élémentaire alors que ses fantasmes nourris par la force de Claude ont été trahis quand le garçon s'est avéré être une fille. Déception qui a mené l'héroïne à se travestir. Drag, le titre du roman, donne le sens à sa quête existentielle. Une femme androgyne à l'assaut de l'amour du sexe opposé.

Emménagée dans le quartier des paumés de Vancouver, Claire tente de séduire Babouchka, sa voisine de balcon vêtue d'une grande robe noire. La marginalité conduit à tous les excès, voire même à renier son orientation sexuelle. La femme en question native de la Russie s’avère être Nicolaï, un grand musicien travesti. Leur rencontre se convertit en une belle histoire d'amour. Un amour entre deux asociaux qui s'assument et qui sont l'un pour l'autre la rédemption attendue. C'est grâce à l'art que le couple singulier vivra ce que le destin a rendu sacré par un amour enfin partagé.

L'auteure s’est inspirée du contexte social, qui a façonné ce duo idyllique. La Russie bolchévique de Nicolaï et les revers de Claire, devenue la femme d'un virtuose à qui elle se soumet bien volontiers. Reine du foyer, mais triomphante avec ses pinceaux, qui la délivrent enfin de la nécessité. Paradoxe tout de même pour un couple qui idéalise la fainéantise en guise de pied de nez à la classe bien pensante.

Le roman fouille la psychologie d’amants, nés apparemment pour la souffrance, mais qui parviennent à la travestir en force. L’analyse est fort bien réussie. Si le bât blesse, c'est au plan de la forme. L'expression scripturale abuse de l'aphorisme sans compter que l'œuvre est fort redondante. Bref, on sent trop le désir d'atteindre l'excellence. Qui trop embrasse mal étreint.