Rue des Degrés
de Didier Daeninckx

critiqué par Sissi, le 3 décembre 2011
(Besançon - 54 ans)


La note:  étoiles
Lecture à différents degrés
Lorsqu’on demande à Didier Daeninckx, lors d’une interview, quel est le fil conducteur de ce recueil de nouvelles qu’est « Rue des Degrés », il répond avec beaucoup de franchise qu’il n’en sait rien.
Qu’il est arrivé un jour chez son éditeur, Verdier, avec une pile monstrueuse de petits textes écrits au gré du temps, qu’il a confié le tout à ce dernier en lui laissant le soin d’opérer un tri et de voir si on pouvait en tirer quelque chose de cohérent.

Beau travail éditorial, puisque le fil conducteur est assez net : la résurgence du passé, parfois assortie d’un désir de vengeance.
Passé personnel, passé historique selon les nouvelles, mais passé de toute façon.
Thème cher à l’auteur, ces pages d’histoire peu connues, ces pages oubliées, ces pages occultées, dont il sent la nécessité de nous mettre à la page , justement.
Ainsi la première nouvelle « La couleur du noir », traite de l’insurrection malgache en 1947.
Dans un registre plus intimiste, cette femme qui est traumatisée par une affiche publicitaire, avant d’en comprendre la raison.
Chaque nouvelle est présentée comme une mini enquête, policière ou personnelle. Le suspense y est donc fortement présent.
S’ajoute une dimension instructive, on apprend des choses, que la Rue des Degrés est la plus petite de Paris, par exemple, et qu’elle est composée uniquement d’escaliers.
Les titres sont bien choisis : « La couleur du noir », « Un air de déjà-vu », « Jamais deux sans trois », « La vie en roses » « Arrête ton tram, Ben Hur ! », « L’amour en contrebande » « Rue des Degrés ».
La passé explique-t-il le présent ? Ou bien le passé n’est-il que ce que nous en faisons, et donc finalement uniquement un « présent réactualisé » ?

Daeninckx nous donne une belle piste de réflexion à travers ces petites tranches de vie où se mêlent l’ancien et le nouveau.
Néanmoins, les nouvelles sont inégales, certaines étant un peu tirées par les cheveux.
Et l’écriture manque cruellement d’originalité.
Plaisant. Mais sans doute assez vite oublié.