Nepalium Tremens
de Jean Désy

critiqué par Libris québécis, le 28 novembre 2011
(Montréal - 82 ans)


La note:  étoiles
Trek au Népal
Le héros se rend au Népal pour « découvrir ailleurs ce qui manque chez soi. » Il veut gravir l'Everest parce qu'il aspire à se connaître. Son trek est de courte durée. Une dysenterie provoque chez lui des crises d'épilepsie sans compter que le mauvais sort a voulu qu'il se fracture un poignet.

L’incident pousse le Tartarin bourlingueur à démêler l'essentiel de l'accessoire dans les enjeux existentiels. Sa première interrogation porte sur le sourire gratuit de son entourage. Pourquoi les Occidentaux comblés n'arrivent pas à soulever les commissures des lèvres ? L'argent ne fait pas le bonheur. Le dicton s'avère en ce pays asiate. La pauvreté définit l'existence népalaise, coincée de surcroît entre des révolutionnaires maoïstes et des traditionalistes. C'est sur une toile politique que le héros examine le chaos de sa vie. Entouré d’êtres pacifistes, tel le moine bouddhiste Absam, un congénère du frère Tuck dans Robin des bois, il est surpris de constater que l'adversité ne leur interdit pas de respirer le bonheur, voire même de se laisser subjuguer par l'Amérique pour le protéger, tel le sherpa du héros, désireux d’immigrer au Canada.

Comme son parangon Saint-Exupéry, il cherche le paradis perdu au-delà de la politique et des cultures. Il trouve impératif de tracer les sillons qui retournent le terreau de la paternité et de l'amour, comme lui suggèrent ses délires épileptiques auxquels le titre fait allusion. Il met le focus sur les autres avec qui il faut composer une fratrie serrée. Dans cette optique d'harmonie, l'enfer n'est plus les autres, mais soi-même. Plutôt séraphique, le propos se concrétise dans la joie de se retrouver. Le roman est un cri d'amour empreint de lyrisme. Un cri répercuté du Népal pour inviter tous et chacun à partager la devise des mousquetaires.