Tarquimpol
de Serge Lamothe

critiqué par Libris québécis, le 26 novembre 2011
(Montréal - 82 ans)


La note:  étoiles
Franz Kafka
Le magnifique château d'Alteville, construit au XV1e siècle, à Tarquimpol est situé sur le bord des grands étangs mosellans de la Lorraine. Ce village embrumé de 76 habitants a été habité par Stanislas de Guaïta, occultiste et poète, à qui Franz Kafka aurait rendu visite en 1911. Cette rencontre est au centre des préoccupations d’un Québécois qui s'est installé en France pour poursuivre sa thèse sur l'écrivain de Prague.

Le caractère ensorcelé de la localité forme le canevas sur lequel Serge Lamothe peint un homme hésitant, qui se questionne sur l'art de vivre l'amour. L'exclusivité est-elle la marque du sentiment amoureux ou existe-t-il une version plus large qui engloberait la multiplicité des partenaires? Le sujet n'est pas nouveau. Déjà à Woodstock en 1969, les festivaliers camés prônaient le partage sexuel en guise de pied de nez aux bien-pensants. Inspiré par ce happening et la commune, récurrente dans l'œuvre de Serge Lamothe, le roman propose un modèle tribal pour circonscrire l'amour. Rien de mieux que de chercher, dans l'œuvre d'un grand auteur, « le Christ littéraire du 20e siècle », les références qui viennent justifier l'aboutissement de la démarche.

Ce « procès » des mœurs amoureuses s'inscrit dans la volonté de changement des jeunes des années 1960, comme l'ont démontré Mai 68 en France et le Printemps de Prague. D’une plume parfaitement maîtrisée, Serge Lamothe mène un combat d'activiste, mais la « métamorphose » souhaitée est réclamée sous l'effigie de Franz Kafka au lieu de celle de Che Guevara.