L'Enchantement simple et autres textes
de Christian Bobin

critiqué par Kinbote, le 10 août 2002
(Jumet - 65 ans)


La note:  étoiles
Poésie du silence et de la lumière
L'entrée de Bobin dans la célèbre collection Poésie/Gallimard le confirme en tant que poète. Sur la photo de couverture, emblématique de cette collection de poche, sur fond orangé, son
regard inquiet, la manière tortueuse de tenir sa clope, pendant qu'on le devine dans un exercice de libre parole, font penser à la dégaine oiseuse d'un Houellebecq.
Poésie de la lumière et du silence. On pourrait compter combien de fois dans ses textes ces termes apparaissent mais presque toujours avec bonheur. Poésie simple, exposée et cependant mystérieuse comme le jour, comme ce qui n’a pas de face cachée et contenant cependant, comme dirait Jaccottet, « une part d'indivisible extraordinairement radieuse ».

Lydie Dattas écrit justement dans sa préface :
« A une époque bassement admirative de ce que l'âme humaine a de plus vil, il est logique qu’une oeuvre aussi éprise de transcendance que celle de Christian Bobin soit scandaleuse. Si ces livres suscitèrent d’abord le murmure enchanté qui accompagne l’apparition des miracles, celui-ci se changea bientôt en ce grincement de dents des incrédules qui marque à notre époque l'avènement de l’esprit.
J'ai préféré les textes plus courts du « Colporteur » et de « L'éloignement du monde » aux chroniques poétiques de « L’enchantement simple » et du « Huitième jour », tous textes écrits entre 86 et 93.
Une petite sentinelle de silence veille
jour et nuit sur notre coeur. Les
mots d'amour lui apportent à manger.
Légèreté de l’oiseau qui n'a pas besoin
pour chanter
de posséder la forêt, pas même un seul arbre.
La certitude d'avoir
été, un jour, aimé – c'est l'envol définitif du cœur dans la lumière.
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