Il était une fois en France, Tome 5 : Le petit juge de Melun
de Fabien Nury (Scénario), Sylvain Vallée (Dessin)

critiqué par Nothingman, le 23 novembre 2011
(Marche-en- Famenne - 44 ans)


La note:  étoiles
Faire justice jusqu'à se perdre
« Que celui qui combat des monstres veille à ce que cela ne le transforme pas en monstre », cet incipit que l’on doit à Nietzsche, lance idéalement le cinquième tome des aventures de Joseph Joanovici qui fut tout à la fois orphelin, immigré, ferrailleur, milliardaire, collabo, résistant,… C’est cet itinéraire troublant que FABIEN Nury et Sylvain Vallée racontent dans cette série qui vient d’obtenir le prix 2011 la meilleure série au festival d’Angoulême. Après quatre premiers tomes de très haute tenue, ce cinquième volume de la saga place encore la barre très haut.
Nous sommes en 1946. La guerre est finie. C’est le retour à la normale. Mais, pour certains, c’est le moment de payer. Ainsi, Madame Scaffa n’admet pas la mort de son fils, non pas tant sa mort, mais le fait qu’il ait été pris pour un traître à la résistance. Elle réclame donc justice et s’en va quérir le juge Legentil, qui vient de prendre ses fonctions à Melun. Idéaliste dans l’âme, ce dernier va prendre fait et cause dans cette affaire qui implique Joseph Joanovici et sa bande. Joseph Joanovici qui durant la guerre s’est servi de ses sympathies avec l’ennemi et de sa carte de la Gestapo, pour certes continuer à faire tourner ses affaires, mais aussi pour sauver une centaine de résistants. Donc l’affaire n’est pas simple, comment juger celui que beaucoup considèrent comme un héros de guerre. Malgré toutes les pressions exercées sur lui, sa famille et les témoins, le petit juge de Melun n’aura de cesse de traquer Joanovici et sa bande, jusqu’à se perdre, lui et sa famille.
Ce cinquième tome est sans doute l’un des plus aboutis de la série. L’histoire de Joseph Joanovici est abordée cette fois via l’œil extérieur de ce juge. Cela donne une nouvelle perspective aux aventures de ce touche-à-tout à l’insolente réussite. Il semble cependant que l’homme connaisse une certaine déchéance. Les deux auteurs sont une nouvelle fois très inspirés. Une très belle série.
Les souffrances du petit juge 10 étoiles

Joseph Joanovici semble intouchable, mais le petit juge est acharné, et Madame Scaffa dont le fils a été assassiné et déshonoré pourrait être un atout de taille dans une lutte où tous les coups sont permis. Le juge Legentil lui-même a souffert des agissements de Joanovici, mais lui-même est-il aussi pur et droit qu'il ne le semble? Il dérape à un moment donné, laissant suspecter un antisémitisme peu sympathique...
Étonnante bédé au scénario d'une grande justesse, fin et intelligent. D'album en album, c'est toujours la même perfection tant du dessin que du scénario, avec des personnages bien campés. Cette série primée à juste titre à Angoulême est appelée à devenir un classique. Comme à chaque sortie d'un album de cette magnifique série, c'est un enchantement.

Le rat des champs - - 74 ans - 26 décembre 2011


Un excellent album, pour une série exceptionelle... 10 étoiles

5ème tome d'une série qui devrait en compter 6, Le petit juge de Melun reprend le récit que le tome 1 avait ébauché avec la lutte à mort entre deux hommes, le juge Legentil, obscur fonctionnaire décidé à faire tomber le second, M.Josef, le Juif collabo/résistant.

Lu duo d'auteurs parvient à mettre en scène la dualité des personnages avec un brio exemplaire. Le scénario ode la série et de chacun des albums est de la haute couture. Il est servi par un dessin non moins excellent... l'ambiance France '47, l'épuration, le quasi état de non-droit est retranscrit à la perfection.

Mon coup de coeur BD de ces 3 dernières années.

Vince92 - Zürich - 47 ans - 22 décembre 2011