Eloge de l'amour
de Jean-Luc Godard

critiqué par Kinbote, le 9 août 2002
(Jumet - 65 ans)


La note:  étoiles
Des phrases juste, juste des phrases...
Bonne idée qu'a eue Paul Otchakovsky-Laurens d’éditer depuis quelque temps déjà le plus littéraire des cinéastes! On se réjouissait d'avoir les dialogues d'un de ses films (du même titre, présenté à Cannes en mai 2001) sous les yeux pour lire à son aise les fulgurances perçues à l'ouïe. Mais c’était sans compter avec la malice du personnage et son souci de brouiller les cartes de nos sens, avec depuis longtemps l’art consommé du mixeur ou de la pratique du cut-up chère à Burroughs; normal pour un cinéaste! Au total on a bien un texte mais fait de phrases tirées du film et qui s’apparente à un long poème contenant peu de mots par vers, parfois un seul, et sans les tirets de dialogue. Donc on ne sait pas qui parle, d’où ça parle et d'où fusent les phrases lancées. Godard traite de l'argent, de la résistance, de la guerre en ex-Yougoslavie, de cinéma. La routine pour ce qui le concerne.
A conseiller juste aux inconditionnels du cinéaste. Godard préconise une triple vision de ses films : pour la bande-son, pour la bande-image, pour la réunion des deux. Idem forcément pour ses livres : trois lectures, pas moins!
Quelques extraits immédiatement lisibles…
rien n'est plus contraire à l’image de l'être aimé que celle de l’Etat
dont la raison s'oppose à la valeur souveraine
de l'amour
je ne vous ai pas dit
regarder je vous ai dit
écouter, entendre entendre
ils disent que le cinéma est
à l’avant-garde du commerce il est l'avant-garde du commerce
Steven Spielberg madame Schindler n’a même pas
été payée
aujourd'hui, elle
vit dans la misère en Argentine
étrange, comme comme les choses prennent du sens lorsqu'elles finissent c'est parce que c'est là que l’histoire commence