Il y a encore des noisetiers
de Georges Simenon

critiqué par Catinus, le 21 novembre 2011
(Liège - 72 ans)


La note:  étoiles
Fils de mère inconnue
François Perret-Latour, 74 ans, est directeur d’une banque privée, Place des Vosges à Paris. Sa première épouse est bien mal en point dans un hôpital à New York , leur fils Donald, la quarantaine, qu’il a peu connu, vient de se suicider. Le défunt laisse une femme et des enfants. Avec sa seconde femme, Jeanne, ils ont eu deux fils, Jacques et Jean-Luc ; puis il y a sa petite fille Nathalie. On dirait que tout ce petit monde s’est donné le mot car chacun fait appel au Daddy. Et Perret-Latour va répondre présent , non pas pour montrer qu’il est un bon père, un bon mari mais plutôt un patriarche qui se soucie du bonheur, du confort moral et financier de sa progéniture. Par une excellente et drôle entourloupe judiciaire, il va même à nouveau être père d’un enfant … de mère inconnue …
A noter : Le narrateur fréquente les médecins, les juristes, apprécie l’art, les peintures, le luxe, les grandes maisons tout comme le père des Maigret. Et puis Nathalie n’a t-‘elle pas certains des caractères de Marie-Jo, la fille de Georges Simenon.
Encore un excellent roman de not’ Georges, très agréable à lire.


Extraits :

- Préface : « Au docteur Samuel Cruchaud, mon ami, ce livre, où personne n’est personne, et où, quand, par hasard, quelqu’un est quelqu’un, il est quelqu’un d’autre ».

- De découvrir les faiblesses des grands hommes et leurs petites lâchetés, on a moins honte de soi. Et il ne me déplaît pas, je l’avoue, d’apprendre qu’ils ont souffert de telle infirmité ou de telle maladie.
Un très grand roman de Simenon 10 étoiles

Un grand cru de la dernière époque du grand Georges, l'époque la plus intense psychologiquement.
Alors que la première moitié du roman baigne dans la mélancolie de ce vieil homme, jadis puissant et entouré, qui se sent vieillir, de plus en plus seul avec son argent qui ne lui est plus d'une grande utilité, le livre glisse petit à petit à partir de son milieu vers une remontée à la surface du vieil homme qui se découvre une seconde jeunesse en passant à l'action (et quelle action!) afin de retrouver son rang au sein de sa famille.
Au jeu (commencé par Catinus) des identifications des personnages avec l'entourage de Simenon, je dirais que la femme de chambre du héros me fait penser à Teresa la dernière compagne de l'auteur.
Un très grand roman dans lequel, une fois n'est pas coutume, le côté lumineux prend le dessus !

JEANLEBLEU - Orange - 56 ans - 4 juin 2014