Les fleurs de lune
de Jetta Carleton

critiqué par Esblandin, le 13 novembre 2011
(colomiers - 42 ans)


La note:  étoiles
Début xxème siècle
Les fleurs de lune, pourquoi ce titre, il correspond à un évènement qui relie chaque membre de la famille, l'éclosion des fleurs de lune.
Un évènement rare qui représente une communion.
De là on va suivre le parcours de chaque membre de la famille.
Un roman bien écrit malgré une certaine lenteur dans le rythme.
Une famille avec des histoires de famille un peu comme les autres mais sans vraiment rien d'extraordinaires.
On chemine aux côtés de ses membres comme si on en faisait partie, on ressent presque la chaleur de ce bled paumé, l'isolement de la ferme ainsi que la pauvreté dans laquelle ils vivent.
On va d'un bout à l'autre parce que l'on sent que le père plein de vertu n'est pas celui qu'il prétend être, il se cache derrière la religion. La sacro sainte religion des américains très puritains à la limite du ridicule quand on va découvrir que son statut d'enseignant lui permet de "fricoter" avec des toutes jeunes filles... Le père perd de son éclat, la mère à la limite de l'inculture, élève ses filles, une s'enfuira avec un saisonnier et se retrouvera veuve le temps de le dire, mais ça sera sa porte de sortie vers la liberté, l'autre la plus jeune s'enfuira également mariée à un homme que son père déteste et finira morte bien avant l'âge, puis encore une autre se flétrira de ne pas obtenir la reconnaissance qu'elle rêve d'avoir de ses parents, puis une petite dernière arrivera alors que la mère n'a plus vraiment l'âge et grandira avec le fils de celle qui est morte. Finalement cette famille archi conservatrice finira par être avant gardiste tant ses filles auront travaillé à s'échapper du carcan fabriqué par leur père.
Le bonheur se construit 8 étoiles

Chronique des Soames, dans le Missouri. Trois sœurs survivantes se retrouvent chez leurs vieux parents, puis nous remontons dans le passé, en suivant cinq parties, chacune centrée sur un des membres de la famille. Cette plongée dans l’Amérique du début XXème, dans ce monde rural et religieux en transition vers un nouveau modèle de société et un nouveau référentiel de valeurs, est très belle, très humaine.

Tous les personnages sont attachants, avec chacun son caractère, ses faiblesses, ses ambitions et tous trouvent la force, malgré les divergences et les coups du sort, de garder l’amour et le respect comme ciment familial, en intégrant ce qu’il faut de mensonge et de secret pour préserver le bonheur commun. On est donc loin de la naïveté guimauve de La petite maison dans la prairie car l’optimisme et l’harmonie familiale ne sont pas sans failles. Le bonheur et l’équilibre n’ont rien de mièvre ni de ridicule quand ils résultent d’un effort permanent et collectif pour construire un cadre où il fait bon se retrouver.

L’écriture est fluide et bien maitrisée, la construction rigoureuse, les épisodes se succèdent avec des phases de suspense ou de montée en tension régulières. Un plaisir de lecture simple et sain.

Romur - Viroflay - 50 ans - 6 janvier 2018