Le déménagement
de Georges Simenon

critiqué par Catinus, le 10 novembre 2011
(Liège - 73 ans)


La note:  étoiles
Un employé modèle
Emile Jovis est, non seulement , un employé modèle ( comme dit dans la chanson ) mais aussi un mari exemplaire ( avec Blanche, son épouse ), un père aimant ( avec son fils Alain ). Il est employé dans une agence de voyage ( il vend des vacances ). Tous trois ont déménagé dans un tout nouvel immeuble de la banlieue parisienne, avec cette fois tout le confort moderne. Y compris les cloisons en carton. La nuit, Emile entend et écoute ses voisins qui semblent avoir des activités louches. Et c’est ainsi que la vie de notre bonhomme va balancer dans une histoire interlope ( lope toi-même ! ) qui finira même très mal…
« Chacun n’a-t-il pas le droit de faire quelque chose de spécial, quelque chose qui le sorte de la routine habituelle « . « Et Alexa était exactement le genre de femme qu’il avait rêvé toute sa vie de posséder au moins une fois. »

On ne soulignera jamais assez le talent qu’a Simenon pour raconter – cinématographiquement - des histoires très simples mais qu’il exhausse, qu’il sublime si délicieusement.

Une particularité de ce roman, cette préface : « Certains critiques, rares il est vrai, quelques éditeurs étrangers habitués aux beaux gros livres, bien gras, m’ont reproché de n’écrire que des romans courts. Celui-ci l’est particulièrement. J’aurais pu le délayer. Je me serais senti, en agissant ainsi, coupable de tricherie vis-à-vis de mes lecteurs et de moi-même. - Georges Simenon - «
Quand un système de pensée déraille... 10 étoiles

Je n'ai pas grand chose à ajouter à la critique de Catinus si ce n'est qu'Emile Jovis est devenu ce personnage "modèle" principalement par son éducation (son père, instituteur rigide, lui a inculqué "de force" ce sens aigu de l'effort et du devoir).
Par ailleurs, le déclic de ce changement du héros (le fameux "passage de la ligne" simenonien) c'est ce déménagement. Ces voisins "interlopes" qu"évoque Catinus sont aussi une métaphore de la crise intérieure que provoque tout déménagement chez n'importe qui (je me souviens de mon médecin qui me disait il y a une dizaine d'années qu"un déménagement est émotionnellement aussi fort qu'un deuil, même si ledit déménagement a été désiré et même s'il est l'occasion de passer d'un taudis à un palace).
Cette crise intérieure, due à son déménagement, que vit Emile Jovis va donc trouver sa matérialisation à travers sa "rencontre" avec ces voisins si différents.
J'ajoute enfin que les dernières pages de ce roman sont d'une puissance incroyable...

JEANLEBLEU - Orange - 56 ans - 5 janvier 2014