Les amoureux de l'Hôtel de Ville
de Philippe Delerm

critiqué par Kinbote, le 3 août 2002
(Jumet - 65 ans)


La note:  étoiles
Une "Recherche" en miniature
C'est à un voyage douloureux aux limites de l’enfance que nous convie ici Delerm. Le narrateur de son roman, qui approche la quarantaine, vient de perdre l’emploi qu’il occupait dans une librairie. De ce désoeuvrement, il va faire la rampe de lancement d'un vol en direction de l’enfance avec pour mélange combustible la très célèbre photo de Doisneau, « Le Baiser de l’Hôtel de Ville ».
Nombre de jeunes parisiens de cette époque de l’après-guerre ont cru qu’ils avaient été ces amoureux surpris par l'objectif du photographe-poète. C’est le cas pour les parents du narrateur. Celui-ci va pour sa quête s’appuyer sur des objets déclencheurs de mémoire comme en expérimente quelques-uns Proust dans sa propre Recherche, parmi lesquels d’autres clichés de ces années-là, des figurines Mokarex, des albums de Tintin, les voitures Dinky Toys dont Delerm nous fait une description quasi clinique.
Mais pour quelle raison la traversée s’avère-t-elle si difficile ? Parce que, d’une part, la mère disparaîtra lors de l’adolescence de notre ex-libraire et qu'il ne peut supporter les photos et réminiscences de cette mère bien portante qui viennent lui rappeler l'issue funeste. Et, d 'autre part, parce que le père a nourri pendant des années des rêves de gloire, se croyant promis à une riche carrière théâtrale, et qui, dans cette perspective, n’a pas porté toute l’attention requise aux attentes plus terre à terre de ses proches.
Au terme du livre, notre narrateur échoue à atteindre cette pointe aiguë de l’enfance. Il réalise qu'il est certes seul face à cette quête impossible mais qu’il n'est pas seul à être seul, car nous vivons tous dans cette exclusion du champ à jamais clos de notre enfance.
Que de nostalgie! 8 étoiles

Pour adorer ce livre, il faut connaitre toutes les références faites par Philippe Delerm concernant les divers objets de la vie quotidienne utilisés dans les années 50. La nostalgie qui y est associée laisse de marbre si ça n'est pas le cas. Ce roman est touchant mais pas autant que 'dickens' ou 'la gorgée de bière'. ' découvrir pour se faire un avis!

MEloVi - - 39 ans - 6 décembre 2011


Une photo célèbre, un alibi pour plonger dans son enfance 6 étoiles

La photo célèbre représente-t-elle ou non ses parents ? le héros l’utilise comme alibi pour se replonger dans son enfance à un moment particulier de sa vie. Un roman intéressant, une écriture agréable mais le héros est déprimant, j’aime les histoires plus rythmées et plus gaies.

Ichampas - Saint-Gille - 60 ans - 17 septembre 2005