Les Contrerimes
de Paul-Jean Toulet

critiqué par Hervé28, le 7 novembre 2011
(Chartres - 54 ans)


La note:  étoiles
Un de nos plus grands poètes.
Paul-Jean Toulet m'a été littéralement révélé par Jean d'Ormesson, qui fait partie de ceux avec Jean Dutour,Michel Déon, Geneviève Dormann, Jean-Marie Rouart ou encore Maurice Rheims ont réhabilité l'oeuvre de ce poète anticonformiste.
Je place Toulet au dessus de Verlaine, auteur que j'adore , encore plus que Baudelaire, c'est dire l'admiration que j'ai pour Toulet.
Paul-Jean Toulet nous laisse trois oeuvres derrière lui, pour ne pas dire trois chef d'oeuvres, "Mon amie Nane", formidable récit de cocottes du début du XXème siècle (récit plus léger et plus drôle que "Nana"), puis "la jeune fille verte" qui, pour moi débute par l'un des plus beaux incipit de la littérature française:"l'averse sonore battit le feuillage un moment, décrut, s'évapora; et peu à peu , tout redevint un éclatant silence." C'est aussi bien que "c'était à Mégara, faubourg de Cartage, dans les jardins d'Hamilcar."

Et puis viennent "les contrerimes", au charme désuet mais qui me plaisent.
Jugez plutôt:

"Vous souvient-il de l'auberge
Et combien j'y fus galant?
Vous étiez en piqué blanc:
on eût dit la Sainte Vierge...."

ou encore le merveilleux:

"En Arles, où sont les Aliscamps,
Quand l'ombre est rouge , sous les roses,
Et clair le temps,
Prends garde à la douceur des choses.."

Et pour finir mon poème préféré:

"Si vivre est un devoir, quand je l'aurai bâclé,
Que mon linceul au moins me serve de mystère.
Il faut savoir mourir, Faustine, et puis se taire;
Mourir comme Gilbert en avalant sa clé."

Lisez ce petit bouquin, il fourmille de pépites, de trésors , de poèmes très courts mais qui resteront dans vos mémoires.
Pour preuve, dans son dernier livre ,Frédéric Beigbeder "Premier bilan après l'apocalypse"consacre deux chapitres à Toulet, l'un pour les "contrerimes", l'autre pour "Mon amie Nane".
Et quelle consécration d'avoir des admirateurs des "contrerimes" aussi éloignés par l'âge, et l'oeuvre que notre académicien Jean d'Ormesson et notre formidable trublion , Frédéric Beigbbeder, sans oublier Charles Dantzig dans son remarquable et inégalé "Dictionnaire égoïste de la littérature française".
Alors P.J Toulet, poète méconnu,
certes non,
un auteur à découvrir
et surtout à faire partager.
A l'égal d'un Verlaine, Toulet mérite toutes ses lettres de noblesses.