Horowitz et mon père
de Alexis Salatko

critiqué par Jefopera, le 5 novembre 2011
(Paris - 61 ans)


La note:  étoiles
Duel avec Horowitz
"Ecrire sur la musique c'est comme danser sur de l'architecture". Je ne sais plus qui est l'auteur de ce jugement sans appel mais sais bien qu'il est difficile, et sans doute impossible, d'écrire des choses justes et originales sur la musique. La musique n'a besoin de rien pour émouvoir, on le sait bien. Dans les commentaires, on risque au pire la platitude. Mais quand on prend la musique comme sujet de roman, ça peut rapidement tourner à la catastrophe.

Rien de cela dans "Horowitz et mon père" bien au contraire. C'est un petit récit plein de vie, d'humour et de tendresse, très bien construit, dont on tourne fièvreusement les pages, comme un bon polar. Deux heures m'ont suffi le week-end dernier mais je ne l'ai pas lâché une minute. Fait rare.

De quoi s'agit-il ?

Juste avant la révolution d'Octobre, deux jeunes prodiges du piano, Dimitri Radzanov et un certain Vladimir Horowitz s'affrontent en duel au piano au conservatoire de Kiev. Chassés par les Bolcheviks, ils fuient l'Ukraine et ne se reverront plus. Horowitz émigre aux Etats-Unis où il rencontre vite fortune et gloire. Radzanov, quant à lui, après avoir servi dans la garde blanche, échoue en banlieue parisienne avec sa mère. Il entre comme chimiste aux usines Pathé Marconi à Chatou où, ironie du sort, il va fabriquer des disques pour son vieux rival.

C'est juste le début, car il va se passer plein de choses, la petite histoire va croiser la grande, des personnages pittoresques vont entrer en scène, il y aura des rires, des pleurs et des cris. Mais au delà de tout cela, Alexis Salatko peint avec une grande tendresse le portrait d'un homme qui, pour l'amour de sa femme, renonce à la gloire à laquelle devait le porter son génie du piano.

La musique est là, bien sûr. Personnage essentiel du livre, qui résonne à chaque page mais sur laquelle Salatko, qui a tout compris, n'écrit presque rien. Car écrire sur la musique.....