La tête dans le carton à chapeaux
de Mark Childress

critiqué par Pistache, le 31 juillet 2002
(Bruxelles - 51 ans)


La note:  étoiles
Délassant, drôle et émouvant
Premier livre de Mark Childress traduit en français (et dont Antonio Banderas a ensuite tiré un film), cette « tête dans le carton à chapeau » est une très bonne surprise. (Par contre, je n'ai vraiment pas réussi à voir le film jusqu'au bout, je pense que ce récit se prête mieux aux propres images mentales qu’on peut s’en faire). Un jour, une femme qui rêve de devenir actrice décide qu’elle en a marre de sa vie et change radicalement de cap en se débarrassant de son mari dont elle emmène cependant la tête dans un carton à chapeau ! Idée de départ loufoque mais qui fonctionne. Grâce au ton donné au récit, aux personnages auxquels on s'attache très vite, et aux
histoires parallèles à celle de Lucille, la femme en fuite. L’histoire est en fait contée via deux biais : d'un côté Peejoe, le neveu de Lucille dont la vie fut bouleversée par le départ de celle-ci : c'est à lui qu’elle confie le secret du meurtre. De l'autre côté : les aventures de Lucille et sa boîte à chapeau ! Du premier côté, les émotions, l’introspection, la tendresse, les réflexions sur la vie. De l'autre le rocambolesque, le loufoque. Les deux parties sont bien dosées (et conçues en alternance). Pour ma part, j’avais une préférence pour les parties Peejoe que j'attendais de retrouver avec impatience mais je sais que d'autres n’attendaient que de retrouver Lucille. Comme quoi, ce livre peut plaire à différents niveaux. En résumé, un roman américain attachant qui vaut la peine qu’on se délasse en sa compagnie.
Cet auteur est souvent comparé à John Irving. C’est vrai que par moment, il y a un petit quelque chose qui y fait penser, même si je n'arrive pas à définir quoi. Mais bon, ce sont néanmoins deux auteurs différents avec leurs caractéristiques propres.
Hilarant mais profond 9 étoiles

Voilà un livre qui traînait dans ma bibliothèque depuis plusieurs années et que je ne me décidais pas à ouvrir. Si j’avais su, je l’aurais lu beaucoup plus tôt. Sous des airs de farce (Lucille, à bout de nerf de sa vie d’épouse et de mère, décide de tuer son mari afin de partir à la conquête d’Hollywood. Non contente de lui faire avaler de la mort aux rats, elle lui tranche la tête avec un couteau de cuisine électrique et la met dans un tupperware, qu’elle transportera partout avec elle), l’histoire est beaucoup plus profonde qu’il n’y paraît. Elle est scindée en deux récits qui s’alternent tout au long du livre. D’une part, on suit Lucille dans son périple à travers les Etats-Unis, à la recherche de la gloire. C’est la partie frivole du roman. D’autre part, on participe au destin de son neveu Peejoe, envoyé chez son oncle dans la ville d’Industry. Il y rencontrera les plus terrifiantes aventures sur fond de ségrégation. Mark Childress dépeint, avec brio et émotion, le triste sort des Noirs dans le Sud américain des années 50. Chassés de tous lieux fréquentés par des blancs, ils luttent pour la liberté, souvent au péril de grandes violences et même de leur vie. L’auteur raconte tout cela avec fantaisie mais aussi de manière réaliste, sans enjoliver la réalité. J’ai énormément apprécié ce roman, bien écrit, et qui fait la juste mesure entre l’humour et le sérieux. Pistache, dans sa critique, souligne qu’on compare souvent Mark Childress à John Irving. C’est vrai qu’il y a un petit coté irvinesque dans ce récit, qui tient peut-être, selon moi, au caractère loufoque des personnages. Bien que certaines péripéties vécues par les personnages peuvent un peu rappeler celles décrites dans les romans de John Irving. Un très bon roman que je conseille vivement, notamment aux fans de John Irving.

Féline - Binche - 46 ans - 3 février 2006