Nouvelles de la zone interdite
de Daniel Zimmermann

critiqué par Perlimplim, le 4 novembre 2011
(Paris - 48 ans)


La note:  étoiles
A vif
Les nouvelles qui composent ce recueil sont courtes, mais sont comme autant de coups de scalpel sur le visage des lecteurs. Elles ne racontent pas une histoire, ou même des histoires. Ce sont des vignettes, des aperçus, des fenêtres ouvertes subrepticement sur ce que fut la guerre d'Algérie. Le propos est direct, sans concession, acerbe. Daniel Zimmermann fut un de ces soldats français mobilisés en Algérie, et ce sont les horreurs auxquelles il a été confronté qu'il décrit dans ces "Nouvelles de la zone interdite". En 1961, à son retour en France, il publie "80 exercices en zone interdite". Le livre dérange, fait scandale, et il est attaqué en justice pour injures à l'armée française. En 1988, Daniel Zimmermann revient à nouveau sur le sujet en écrivant ces "Nouvelles", et réveille les horreurs vécues pour mieux les conjurer. Le style est lapidaire, concis, les images parfois violentes. Et surtout, l'absurdité patente de tant d'atrocités surprend le lecteur. Et c'est l'évidence de cette absurdité qui confère un aspect tragique à ces "Nouvelles". Les mots ne font que retranscrire la violence vue et vécue par l'auteur, et réussissent, dans leur simplicité, à décrire l'insoutenable.

Extrait: Maître-chien

"Le séminariste vert récite des prières. Il s'était porté volontaire pour devenir maître-chien. Tout, plutôt que de devoir tirer sur un être humain, Dieu merci il n'avait pas encore tué. Son chien le fait à sa place."