Novembre
de Georges Simenon

critiqué par Catinus, le 3 novembre 2011
(Liège - 73 ans)


La note:  étoiles
Dilemme
Une particularité pour ce roman : la personne qui raconte cette histoire est une femme, ce qui n’est pas si courant dans le chef d’un écrivain-homme.
Le père et le fils sont tous deux amants d’une seule et même femme, Manuela, la bonne espagnole qui officie dans la famille. La mère a un problème de liqueur. La fille, elle, éberluée, observe ce petit monde. Un drame va surgir et elle devra prendre une décision importante.
Une histoire simple mais qui contient de remarquables observations.

Extraits :

- ( Laure ) Ce n’est pas mon rôle de les juger, bien que je le fasse malgré moi.

- « Parce qu’il faut que l’amour aboutisse à quelque chose, n’est-ce pas ? Tu comptes que le tien, avec ton professeur, aboutira à quelque chose ? «

- J’ai toujours été impressionnée, dans la rue, en croisant les passants, de penser que chacun est le centre de l’univers et que ses préoccupations l’emportent sur tout ce qui se passe dans le monde.

- On pourrait croire que, comme la plupart des gens, elle ne se met à sourire que quand on la regarde.
Psychologiquement intense 10 étoiles

Un excellent roman de Georges Simenon (un de plus !) parmi les derniers qu'il a écrits (oeuvre publiée en 1969).
Cette histoire familiale triste est racontée avec justesse et sensibilité par Simenon qui s'exprime à travers un personnage principal féminin (Laure la fille), ce qui n'est pas unique dans son oeuvre, mais qui révèle une fois de plus la faculté de Simenon à se glisser dans la peau de tous types de personnages (même les plus éloignés de lui).
A y bien réfléchir, et après la lecture, je ne peux m'empêcher de supposer que cette histoire lui a été en partie inspirée par sa relation difficile avec Denise (sa seconde femme) et que le personnage de Laure représente sa fille Marie-Jo qu'il aimait beaucoup.
Néanmoins, ceci ne m'a pas effleuré à la lecture (et ce n'est peut-être, d'ailleurs, qu'une extrapolation osée de ma part car il y aussi beaucoup d'éléments très différents entre la famille du roman et celle de Simenon).
Pour en revenir à cette histoire, je l'ai trouvée très belle et sensible et d'une tristesse infinie devant ce constat d'une telle difficulté de communication au sein de cette famille. La fin vient dénouer (en partie) cette difficulté et la tension psychologique y est tellement forte que ça en devient violent !
A lire absolument selon moi.

JEANLEBLEU - Orange - 56 ans - 24 mai 2014