Chine / USA : Le climat en jeu
de Jean-Paul Maréchal

critiqué par Numanuma, le 2 novembre 2011
(Tours - 51 ans)


La note: étoiles
De Copenhague à Cancun, quels progrès?
Une couverture d’un rouge brillant, le titre écrit en caractères blancs, Chine/USA, le climat en jeu, perpendiculaire au nom de l’auteur, Jean-Paul Maréchal, maître de conférence en sciences économiques à l’université de Rennes 2, un format agréable, un papier qui me semble recyclé, ce qui aurait pour effet de coller au sujet de cet ouvrage dont l’enjeu est primordial.

Attention toutefois à ne pas trop attendre de cette centaine de pages pas toujours simples à suivre, la présence de nombreux acronymes y est pour beaucoup mais c’est le lot de nombreux livres de ce genre : il ne s’agit ni de solutions au problème de la détérioration du climat, ni d’un manuel d’économie. L’auteur ne revient ni ne remet en cause la nécessité d’agir dans le sens d’une résolution du problème de réchauffement du climat, entre autre. Il s’agit, comme cela est bien expliqué en introduction, d’un ensemble de données permettant au lecteur curieux de prendre connaissance d’un grand nombre de données, « un dossier raisonné ».
Malgré la présence de nombreux sigles et abréviations, on sent que l’auteur est un universitaire : le texte est très didactique et se veut à la portée du plus grand nombre. Il n’est pas encombré de trop de tableaux chiffrés, plaie des ouvrages techniques ou scientifiques qui viennent troubler la lecture. Ici, un effort a été fait aussi bien en ce qui concerne le nombre de ces tableaux que par leur taille. Dans ce même souci d’économie, il n’y a que quatre annexes en fin d’ouvrage.
Ces efforts de forme, ces contraintes éditoriales peut-être, le design du livre, me font penser que peut-être les éditions Choiseul, spécialisée dans les questions stratégiques et les enjeux économiques, sont en train de lancer une collection qui pourrait avoir une destinée similaire à celle de la collection Que sais-je.
Cent pages, c’est peu et c’est beaucoup. Cependant, une évidence m’a frappée à la lecture. Le propre des évidences, c’est qu’elles sont sous nos yeux et que nous ne les voyons pas. En tant qu’individu, je suis conscient des enjeux écologiques mais, toujours en tant qu’individu, j’entends profiter pleinement des privilèges des mon siècle et des progrès économiques. Je fais des efforts, tri sélectif, isolation des mon logement, ampoules basse consommation, économie d’eau, etc. …, mais, parallèlement, je pollue sûrement plus même sans le vouloir. Inversement, les être humains, en tant que groupe, travaillent plus intensément et plus efficacement à la protection de notre climat. La lutte contre la pollution, la hausse des températures, la fonte des glaciers, l’effet de serre…, que l’on la nomme Grenelle de l’environnement ou taxe sur les gaz à effets de serre ou autre est tiraillé entre ces deux forces opposées : d’une côté la volonté individuelle, de l’autre, l’effort collectif.
Or, si l’individu peut faire des efforts particuliers, la lutte ne peut être menée que collectivement, au sein d’un même groupe, par exemple un pays, et en collaboration avec d’autres groupes. Malheureusement, deux entités surpuissantes ont décidé de ne pas jouer le jeu : les USA et la Chine, pour des raisons différentes, ne sont pas disposés à réduire de manière significative leurs émissions de gaz à effet de serre. Les américains considèrent que les études scientifiques ne sont pas définitives et qu’il n’existe pas de preuve objective et la Chine s’abrite derrière son statut de pays en voie de développement.
Ne nous leurrons pas : ces deux pays, malgré leur posture, sont tout à fait conscients de ce qui se passe mais aucun des deux n’est prêt au moindre sacrifice : l’économie est toujours la priorité ! Une branche de la CIA a été spécialement créée pour étudier l’impact des traités internationaux de manière à permettre à l’administration américaine de négocier en position de force ! Plus incroyable encore, l’étude du climat a été un des champs de recherches durant la guerre froide avec pour objectif de la contrôler afin d’en faire une arme capable, par exemple, de provoquer une sécheresse chez un ennemi !
De son côté, la Chine, bien que tenant le pays avec une certaine poigne, est confrontée à une pollution grandissante liée à son développement industriel très rapide. Or, malgré la présence de l’Etat à tous les niveaux, le gouvernement est obligé de réfléchir à des solutions tant le problème écologique pourrait devenir vital pour sa survie.

Ces éléments, très succinctement résumés, ne sont que quelques uns des nombreux paramètres présentés dans cet ouvrage. Cependant, l’auteur n’accorde aucune place aux voix qui vont à l’encontre des théories du réchauffement climatique. Manque de place ? Manque de crédit accordé à ces théories ? Je pense que, dans un souci d’objectivité, il aurait été bon d’accorder un chapitre à ces hypothèses, sans entrer dans le débat de leur validité. Hormis ce détail, voici un ouvrage de base, clair, qui offre une vue d’ensemble sur un sujet vaste qui sera au cœur du siècle.