Cet amour-là
de Yann Andréa

critiqué par Kinbote, le 29 juillet 2002
(Jumet - 65 ans)


La note:  étoiles
Le gardien du nom
Yann Andréa est devenu par la magie de l’écriture un personnage de Duras tel que Anne-Marie Stretter, le Vice-Consul ou Aurélia Steiner. C’est aussi un être bien réel qui a vécu une des histoires les plus atypiques de la fin du siècle dernier et qui, pour la seconde fois, après « M.D. »(Minuit) en 83, prend la plume pour conter (plus que pour rendre compte) son idylle avec l'auteure adulée telle une pop star ou une sainte que fut la Duras à la fin de sa vie.
On disait dans ces années-là qu'il était homosexuel, qu'il buvait et écrivait avec elle, qu'il était son soutien le plus cher, qu'à part cela il ne faisait rien…
Cet amour-là fut un amour absolu, ennuyeux, enfantin et destructeur. Après sa mort, Yann Andréa vit de longs mois sans sortir de chez lui, avant de pouvoir se rendre au cimetière du Mont-Parnasse où le corps de l'écrivain repose, ponctuant ses visites prolongées de promenades circonscrivant le périmètre dévolu à la tombe de la disparue.
« Oui ,je fais ça depuis que je suis revenu à Paris, je me promène dans les rues, les larges avenues, tôt le matin, je commence à m'éloigner du cimetière, à aller et venir autour, de plus en plus loin, à y revenir aussi, je ne peux pas faire autrement, je surveille, je garde le nom. »
Enfin, poussé par une femme, il parlera de cet amour, puis après écoute des enregistrements, il récrira tout pour prolonger l'histoire et l'écriture commencées avec Marguerite Duras lors de l'été 80 à Trouville.
Evidemment c'est écrit dans le style identifiable entre tous pour qui a lu MD, irritant à souhait quand il n'émane pas d'elle, mais comment en vouloir à Andréa de cette faiblesse, lui qui a accompagné les séances d'écriture, favorisé par sa présence l’accouchement de quantité de livres mémorables? Des séances, comme il le raconte, faites de rires et de pleurs, de prises d’alcools et suivies de virées dans la nuit des routes de France au volant de l’automobile qu’il conduisait, en chantant "together" à tue-tête des rengaines jusqu'au dégoût : Blue Moon ou Capri c’est fini (MD était une fan de Hervé Vilard).
Le livre agace, ennuie, horripile et, parfois, sur quelques pages ou le temps d'un paragraphe, il émeut très fort par un trait juste, une illumination qui jaillit de ce fatras de redites, d'à peu près d’écriture, de clichés éculés. « Duras est là. On n’y peut rien. Et, peut-être un jour, tout le monde pourra lire vraiment, sans prévention d'aucune sorte, oublier le nom de l'auteur, et commencer à lire comme un enfant le fait, entrer dans l’histoire, faire l’écriture et la lecture en même temps. »
Peut-être…
(Le livre est devenu un film de Josée Dayan avec Jeanne Moreau)
Pénible mais touchant... 6 étoiles

Mon sentiment est tout à fait celui décrit ci-dessus par Kinbote:

"Le livre agace, ennuie, horripile et, parfois, sur quelques pages ou le temps d'un paragraphe, il émeut très fort par un trait juste, une illumination qui jaillit de ce fatras de redites, d'à peu près d’écriture, de clichés éculés. "

Un style trop pénible à lire, trop répétitif, une histoire qui ne m'a pas vraiment passionné mais un texte si poétique... Alors non je n'ai pas aimé ce livre mais j'en retiendrai tout de même plusieurs passages émouvants et touchants.

Loras - - 37 ans - 26 août 2008