Bad Food Britain
de Joanna Blythman

critiqué par Oburoni, le 30 octobre 2011
(Waltham Cross - 41 ans)


La note:  étoiles
Bouffer à l'anglaise
Sans vouloir réduire toute une nation à des clichés primaires il faut avouer que Grande-Bretagne et gastronomie cela fait deux. Non pas que nos chers voisins n'aient pas de plats et spécialités d’intérêts mais bien parce que leur rapport à la cuisine est, euh, disons une autre culture, quoi...

Caricature ? Du tout. On parle tout de même d'un pays où les "celebrity chefs" inondent les écrans de télé mais où plus personne ne cuisine. Un pays où l'on ne partage pas de repas agréables autour d'une table mais gobe des snacks dégueu' et en vitesse à n'importe quelle heure du jour (un ménage sur quatre considère une table à manger comme étant tellement superflue qu'ils n'en possèdent même pas !), où le gouvernement dépense plus pour nourrir ses chiens militaires que les enfants dans les cantines d'écoles, où 60% de la population est incapable de discerner les aliments sains de ceux qui ne le sont pas, et j'en passe, et j'en passe !

Pessimiste jusqu’à la dernière ligne Joanna Blythman, journaliste gastronomique dresse un tableau accablant des habitudes alimentaires britanniques, et il n'y a pas de quoi rire. D'abord parce que les conséquences à long terme prévoient d’être dramatiques -diabètes, surpoids, obésité... sans parler du fait qu'une génération habituée aux cochonneries grasses/salées/sucrées est une génération aux papilles mortes, soit plus du tout capable d'apprécier des bons produits. Ensuite parce que les attitudes et mentalités face au simple fait de cuisiner ou de consommer des produits sains sont franchement ahurissantes. En effet, quand des plats tout faits balancés au micro-ondes sont considérés comme étant le triomphe des luttes féministes, ou encore vouloir offrir des fruits et gâteaux fait maison dans les écoles provoque à la fois une lutte de classe et un tollé sanitaire on ne sait plus trop si l'on doit rire ou pleurer.

Les "britishs", me direz-vous...

Certes, le cas britannique est extrême. Cela dit s'il est facile de jeter la pierre les plats usinés et sous emballages douteux, le triomphe des snacks et des fastfoods combiné au refus grandissant de cuisiner et à une ignorance rampante des BABA de tout ce qui touche à la gastronomie font de nos amis d'Outre-Manche un bon miroir de ce qui nous attend, nous aussi, si l'on ne prend pas garde à préserver nos cultures culinaires. Pointons du doigt, moquons-nous (ils ont l'habitude !) mais n'oublions pas de nous inquiéter : ce mode de vie chaotique et je-m'en-foutiste face à la cuisine rampe maintenant sournoisement chez nous aussi.

On ne voudrait pas perdre notre appétit !