Le rire de résistance : De Diogène à Charlie Hebdo
de Auteur inconnu

critiqué par Shelton, le 29 octobre 2011
(Chalon-sur-Saône - 68 ans)


La note:  étoiles
Laissez-moi rire...
Un philosophe, jadis, probablement Pascal si ma mémoire ne flanche pas trop, a écrit que l’homme était un animal qui pensait, riait et pleurait. Restrictif crieront certains, mais ce n’est pas certain. Penser, Descartes nous dirait que c’est bien là l’essentiel car cette action cérébrale prouverait de façon absolue que nous existons. Ce n’est pas rien ! Rire et pleurer, souvent plus négligés, sont deux états ou sentiment qui prouve notre cœur, notre capacité à être en relation avec les autres, la profondeur de notre empathie. Peut-on être humain sans rire et sans pleurer ? Je ne le pense pas…

Jean-Michel Ribes, auteur de nombreuses pièces, entre autres, que nous connaissons bien avec des répliques devenues cultes comme on dit aujourd’hui, a voulu creuser encore plus loin et montrer l’importance capitale du rire chez l’homme. Le rire est si essentiel, que l’homme en a fait un moyen d’expression, un acte politique au sens propre du terme, un geste de résistance… et, cela, depuis la nuit des temps ! Deux tomes majestueux viennent illustrer son propos, sorte d’anthologie de l’humanité sous l’angle du rire : Rire de résistance !

Staline, cité par Ribes, disait qu’un « peuple heureux n’avait pas besoin d’humour » ! Quand on voit le résultat… mais cela montre bien que le dictateur avait perçu la corrosivité du rire et de l’humour qui peuvent tout emporter sur leur chemin. Les Russes furent condamnés à se raconter des blagues dans la rue, hors des oreilles des espions de toute nature, et c’est ce qui les a sauvés… Pas certain d’ailleurs que Poutine soit plus drôle aujourd’hui !

Jean-Michel Ribes affirme, à sa façon, dans un des nombreux avant-propos que « si, pour survivre, je ne devais emporter qu’une seule chose dans cette fameuse île déserte, ce serait sans aucun doute le rire ». Mais peut-on rire seul ? Le rire n’est-il pas un acte social ?

Alors bien sûr, dans cette grande anthologie de Jean-Michel Ribes, nous allons trouver des grands classiques du rire, de la dérision et de cette résistance humaine : Alphonse Allais, Woody Allen ou Beaumarchais… pour n’en citer que quelques-uns uns. Mais on les retrouve soit à leur nom soit au travers d’une citation dans une phase plus thématique. L’ouvrage comporte tant d’entrées que je ne peux pas tout vous expliquer. Chaque livre devrait être dans votre salon, posé sur une table et on pourrait, devrait, l’ouvrir au hasard chaque fois que l’on passe devant…

On trouvera ainsi quand le sort en aura décidé des noms moins attendus comme celui de Diogène qui pour moi ne symbolise pas, du moins au départ, le rire. Mais si on le présente comme le fait l’auteur, « clochard, ivrogne, grande gueule, exhibitionniste, échangiste… »… tout redevient possible ! N’a-t-il pas dit « Simuler la sagesse c’est encore être philosophe » ? La base du cynisme et de l’absurde du vingtième siècle qui en a fait rire plus d’un…

Je terminerai cette brève évocation par cette phrase de Jean Cocteau : « La faculté de rire aux éclats est preuve d’une âme excellente » et je vous souhaite de garder le rire au fond de vous toute la vie, à commencer par cet été malgré le mauvais temps…