Captive State
de George Monbiot

critiqué par Oburoni, le 28 octobre 2011
(Waltham Cross - 41 ans)


La note:  étoiles
"Corporate culture"
Le Royaume-Uni se vante d'être l'un des pays européens les plus ouverts au business qui soit, il faut avouer que le bouchon va parfois loin. Voir les étriers de la police montée de Londres afficher le logo de la banque HSBC ou la reine, pour le millenium allumer un immense feu d'artifice qui commence par les lettres géantes "BRITISH GAS" illuminant le ciel peut être ridicule et amusant. Le journaliste George Monbiot, inquiet, nous affirme qu'il n'y a pourtant pas de quoi rire.

De tels faits, loin d'être isolés reflètent pour lui l'immense pouvoir que possèdent les corporations, envahissant les fondements même de la démocratie. Car enfin quels intérêts servent les gouvernements ? Ceux des citoyens qui les élisent, ou bien ceux de compagnies privés surpuissantes qui s'immiscent maintenant jusqu'au coeur de nos lois ? Les exemples multiples qu'il nous offre laissent en effet planer le doute...

Il revient en fait sur la façon britannique, radicale et originale de financer la plupart des services publics : l'Initiative de Financement Privé (Private Finance Inititiatve, PFI). Né des Conservateurs et largement encouragé par le New Labour il s'agit d'un ensemble de mesures consistant à déléguer à des compagnies privées le coût de biens et services publics jugés trop chers pour le contribuable. Le résultat ? Transports en commun, infrastructures, financement d'écoles et d'hôpitaux, développement d'espaces publics ou encore entretien des prisons, chacun ayant droit à un chapitre détaillé, sont maintenant autant de domaines où les intérêts privés (la course au profit...) dominent de plus en plus sur les intérêts publics, avec lesquels ils se heurtent parfois dangereusement.

Le tout fait froid dans le dos, George Monbiot refuse pourtant le pessimisme. En effet il affirme que si les corporations sont devenues si puissantes c'est avant tout parce que nous, citoyens, les avons elles et les politiciens qui les servent trop souvent laissé faire. Par un ferme engagement et des campagnes de pression nous pouvons encore nous révolter et les combattre efficacement. Il cite, par exemple, les manifestations altermondialistes et leurs résultats lors de la conférence de l'OMC a Seattle pour montrer qu'en tant que citoyens nous avons encore du poids dans des décisions qui nous concernent.

Un très bon livre qui, même s'il se concentre uniquement sur la Grande-Bretagne aide une véritable prise de conscience.