Ce que l'image ne dit pas
de Anne François

critiqué par Darius, le 24 juillet 2002
(Bruxelles - - ans)


La note:  étoiles
Olivia, la petite autiste
« Renvoyée à moi-même par l'absence de ma mère, l'indifférence de mes frères et sœurs, la mort de mon père, l'errance de mes amours, l’absence de mes amis, ballottée de lieu en lieu, j’avais fini par perdre toute identité. Et Olivia est arrivée contre ma peau comme un miracle cassant ma solitude et mon inutilité. » Voilà ce que dit la mère de la petite fille autiste dans ce très beau roman rédigé par Anne François.
Selon les lacaniens, Olivia refuse de parler pour résister au propre besoin de fusion de la mère. « Ils disaient tous que je l’aimais mal, que je l'aimais trop peu, ou alors que je l’aimais trop ».
Etait-ce un autisme à carapace ou un autisme confusionnel ? (confusion mère-fille) où se manifeste le refus de l'autiste d'être une personne à part entière.
Bettelheim prétend que « l’enfant autiste souffre d'une mère dépressive ». Un psychanalyste consulté par la mère lui apprendra qu'elle n’avait vu en son mari qu’un père pour son enfant avant de lui donner une véritable place d’homme ou d'amant auprès d’elle.
« Votre fille est autiste. Vous le savez n’est-ce pas ? Je ne voulais pas le savoir » Voilà souvent le problème. On commence à consulter et à s'inquiéter lorsqu’il est déjà trop tard, pris par d’autres centres d'intérêts, on ne prend pas le temps de se pencher sur le comportement de l'enfant.
«Elle a marché à deux ans, tout comme elle ne connaissait qu'une vingtaine de mots. Elle s'est tue complètement lors du départ du père ».
Notre pédopsychiatre national, Hayet ne dit pas autre chose lorsqu’il débat de l’autisme. On consulte trop tard car on veut nier le problème alors qu'il y a des signes avant-coureurs… De même, à l’origine de l'autisme, il existe souvent une erreur passée inaperçue...
« Votre enfant n'a rien, madame. Le problème, c’est vous. Vous avez sûrement beaucoup de talent et une très grosse tête, mais pas de cœur. Ce qui manque à cette enfant, c'est une vraie mère »
« J'ai poursuivi mon enquête dans la terreur de découvrir un jour que le meurtrier (celui qui a coupé la langue à ma fille) n'était autre que moi-même. Durant des années, je me suis flagellée sous le regard encourageant des professionnels. Mais ce temps-là est révolu à jamais »
« J'ai lu que beaucoup d’enfants autistes avaient connu des naissances difficiles »
« Je travaillais beaucoup et mon mari s’absentait souvent. Le grand-père était le seul être au monde capable d'aimer Olivia telle qu'elle était. Il n’attendait rien d'elle, contrairement au reste de la famille »
J'ai sciemment mis entre guillemets toutes les phrases sorties de la bouche de la mère de l'enfant autiste, comme pièces à conviction pour tenter d’expliquer la mutisme soudain de sa fille qui se verra qualifier d’enfant autiste.
Contrairement à ce que ma critique pourrait laisser croire, il ne s’agit nullement d'un documentaire mais d’un roman de fiction qui nous conte l'histoire d’une mère, d’un père souvent absent, de leur fille devenue subitement autiste, d’un caméraman venu filmer la relation mère-fille pour tenter de percer l’énigme de l’autisme.
D'autres lecteurs y découvriront sans doute autre chose, « un hymne à l'amour d'une mère pour sa fille » nous dit la quatrième de couverture….
Ce que cette critique ne dit pas... 10 étoiles

Darius ne dit pas à quel point ce livre est beau même en parlant si justement de l'autisme.
Jakline

Jakline - - 77 ans - 23 septembre 2008