Who Runs Britain?
de Robert Peston

critiqué par Oburoni, le 19 octobre 2011
(Waltham Cross - 41 ans)


La note:  étoiles
Le roi est nu
Lorsqu'en août 2007 BNP Paribas avoue ne plus être capable d'estimer ses créances titrisées il n'y a, d'après le journaliste financier Robert Peston, rien de surprenant : un enfant vient juste de crier que le roi est nu. La question est : comment en est-on arrivé là ?

La crise financière est une vraie migraine, un casse-tête compliqué né du fonctionnement complexe d'institutions aux spéculations douteuses et obscures. Robert Peston arrive pourtant à nous l'expliquer le plus simplement possible, du moins en des termes assez accessibles pour être compréhensibles par ceux qui, comme moi, ont bien du mal à saisir les enjeux que cache tout ce bordel financier.
Déblayant ce que sont, entre autres, les fonds alternatifs, les subprimes américaines et leur rapports avec la crise des banques il se montre éclairant et instructif.

Plus qu'un guide pour les nuls l'auteur a toutefois aussi le talent de lier la crise au monde de la politique. Taper sur les dérives de certains barons de la finance c'est bien, mais un peu trop facile. Certains politiciens ont en effet aussi une large part de responsabilité, ne serait-ce que parce que les intérêts des deux mondes (politique et finance) collident souvent les uns avec les autres.

Traitant ici de politique britannique il se consacre entièrement à la Grande-Bretagne, et l'exemple est éloquent.

Pays déjà très dépendant du secteur financier, il accuse la volonté du New Labour d'en vouloir faire une vitrine bling bling pour millionnaires et businessmen (dont ceux dont les fortunes découlent des spéculations qui nous ont mis dedans) d'avoir accouché d'une ploutocratie financière dangereuse pour la démocratie. S'il s'indigne des fortunes indécentes épargnées par des mesures fiscales qui le sont tout autant il revient en effet sur le scandale des pairies dans un compte-rendu accablant (le fait que certains de ces financiers se soient vu nommés pairs suite à de larges dons financiers au Labour, dont les décisions fiscales d'alors semblent bien retourner les faveurs...).

Si politiquement l'auteur cogne fort et, parfois peut-être, injustement (les Conservateurs ne sont pas des saints non plus !) il est assez instructif et accessible pour rendre un foutoir financier un peu plus clair. "Who runs Britain?" est donc plus qu'un livre sur la politique britannique (une baffe méchante -irritante ?- au New Labour), il est aussi une bonne introduction pour un peu mieux comprendre les rouages de la crise.