Grégoire et le téléphone portable
de Laurent de Graeve

critiqué par Bluewitch, le 22 juillet 2002
(Charleroi - 45 ans)


La note:  étoiles
Télécommunication
Grégoire est jeune, beau, parfait dans le rôle du cadre dynamique ordonné et… homosexuel. Les soucis insupportables, comme cette quatrième marche dont il doit recoller le tapis, sont traités l’espace d'un instant pour être remis à plus tard. Il possède un appartement luxueux, un jacuzzi, pas de voiture (pas de permis) mais… un téléphone portable, oui, indispensable à sa vie réglée à la minute près, chaque acte ayant un délai imparti, jusqu'à ses rencontres avec Nicolas, l’homme de sa vie. De même, tous les trois mois, Grégoire dîne avec son père, Monsieur de G***, homme d’affaire important, qui connaît le luxe et autant de solitude, d’ennui.
Chaque fois, pour Grégoire, c’est l’espoir, la tentative d'une confidence. Celle de la présence de Nicolas dans son existence. Mais comment se confier lorsqu’on ignore comment se parler ? Ces repas en tête-à-tête prennent toujours l'allure d’un questions-réponses avec, évidemment, toujours les mêmes questions, et toujours les mêmes réponses.
Et que faut-il faire quand, déjà, la minute ultime de ce dîner père-fils est là, vous laissant presque prêt à remettre à plus tard la libération de ces mots si pénibles à avouer ?
Une nouvelle fraîche et réaliste, dépoussiérée de toute naïveté, de tout vernis. La différence est plus lourde à porter face au regard des siens et on sent les tourments dont l'auteur fut probablement victime se prendre à témoin ce jeune homme « bien sous tous rapports », Grégoire et son téléphone portable…
Une bonne nouvelle, qui se lit vite mais se ressent et s’apprécie.