La lune vous salue bien
de Johan Heliot

critiqué par CC.RIDER, le 10 octobre 2011
( - 66 ans)


La note:  étoiles
Foisonnant et déjanté
Au début des années 50, Boris Vian, agent des services spéciaux français, se voit chargé d'une mission particulièrement délicate : rejoindre les sources du Nil pour y assassiner Rommel qui s'y est réfugié avec les débris de son Afrika Korps pour s'y constituer un royaume. Mission accomplie pour le compte de la reine d'Angleterre, il file aux Etats-Unis alors que le Président Eisenhower vient d'être tué à Dallas et que le pays est en pleine crise de paranoïa. Les Rouges c'est à dire les Sélénites, habitants de la Lune réfugiés sur Mars, sont soupçonnés de vouloir débarquer à tout instant. De plus, c'est l'acteur John Wayne qui entre en campagne pour l'élection présidentielle soutenu en sous-main par Lucky Luciano et autres parrains de la maffia avec un certain Josef Goebbels comme responsable de la propagande...
Un roman d'uchronie foisonnante et déjantée (gratifié de l'étiquette « steampunk », punk à vapeur, un tantinet décalée vu la période) dans lequel Johan-Heliot se permet toutes les fantaisies possibles et imaginables avec la réalité historique. Pour son plus grand plaisir, il fait nager le lecteur dans un « révisionnisme » loufoque et impertinent et parvient à exploser codes, repères et références habituelles. Les uns prennent la place des autres comme dans un jeu de chaises musicales. D'innombrables personnages historiques hantent cette histoire, écrivains comme Asimov, Clarke, Heinlein ou Van Vogt, poètes allumés comme Timothy Leary ou William Burroughs recyclés sénateurs, figures historiques comme Lawrence d'Arabie voire Che Guevarra reconverti en extraterrestre et même Elvis Presley ayant échangé son rôle avec celui de Lee Harvey Oswald. Dans cet immense pastiche qui côtoie la face picaresque (l'auteur a dû beaucoup s'amuser à écrire ce réjouissant canular), l'humour est toujours présent qu'il soit fait de dérision, de francisation de l'anglais voire d'allusions, de jeux de mots ou de clins d'oeil (Fernand Reynaud « Tonton tu tousses », titres de chapitre à la Villiers « Bandera pour une bande de rats »). Aventures et divertissement garantis.