Le bar des habitudes
de Franz Bartelt

critiqué par Patman, le 10 octobre 2011
(Paris - 62 ans)


La note:  étoiles
15 + 1
Quand j’ai besoin de souffler un peu, je m’offre la lecture d’un Franz Bartelt. Rien de tel pour décompresser. Pince-sans-rire, férocement drôle (il y a du Desproges chez lui), Bartelt est aussi passé maître dans l’art de la formule qui tue ! Le Bar des Habitudes, c’est seize nouvelles qui se dégustent comme autant de petites douceurs acidulées. Je dirais même quinze plus une, car la nouvelle titre, m’a semblé un rien au dessus du lot. N’empêche, on se régale des tribulations de Nadège la serveuse amoureuse, de Malone, de Tony, de Protone ou de Jeff avec sa tête d’assassin … Humour parfois noir, un peu de surnaturel aussi, mais grande tendresse toujours pour ses personnages, on sent que Franz Bartelt les aime ses sujets. Il les cajole, nous les rend sympathiques même s’ils sont tueurs en série ou voisins fachos, car avant tout ses (ces) textes sont là pour nous divertir même si en plus ils peuvent faire réfléchir…
Le Bar des Habitudes, comme je le disais plus haut, m’a semblé un rien au dessus des autres textes. Une pure merveille pour moi, une vraiment très belle nouvelle comme on n’en lit pas tout les jours (et pourtant j’en lis beaucoup !) Une histoire toute simple en apparence, Balmont entre au café comme chaque matin depuis 20 ans, mais aujourd’hui les choses ne se passeront pas selon la routine quotidienne… je vous laisse découvrir la suite.
En tout cas, ce Bartelt vaut bien 5 étoiles.
"On est toujours très loin des beaux jours" 3 étoiles

Et je crois que cette phrase résume assez bien l'ensemble des nouvelles. Car difficile d'écrire une critique sur un recueil. Doit-on aborder chacune d'entre elles (16, cela fait un peu trop), doit-on dégager les points communs, pas toujours évidents...
Il y a d'abord beaucoup de résignation, de gens écrasés par le poids des habitudes; comme le quincailler félicitant l'homme venu enterrer sa tante, la serveuse amoureuse du comptable venue lui signifier son licenciement, le SDF roué de coups, le couple de mous, l'homme à tête d'assassin...
Viennent ensuite les récits surréalistes, à la limite de la folie, comme l'homme à bord d'un train qui ne s'arrête nulle part, l'homme blanc revenu d'Afrique, noir...
Quelques voyages oniriques dramatiques comme le sixième commandement
Et si quelquefois, on se surprend à lire une histoire presque gaie, c'est pour mieux retomber dans le drame et le sordide comme le destin d'Aurélie Poaldeuf.
Me reste de cette lecture, un malaise, une vision de la nature humaine glauque et très pessimiste.
Si j'ai apprécié l'originalité de certaines nouvelles et la force de l'écriture (elle s'arrangeait pour le cacher avec une fière ostentation), je suis restée complètement hermétique à l'humour de M. Bartelt.
Ma préférence allant à la seule qui finit bien: le "voisin redoutable".

Marvic - Normandie - 66 ans - 3 août 2013