A l'enfant que je n'aurai pas
de Linda Lê

critiqué par Oops, le 9 octobre 2011
(Bordeaux - 58 ans)


La note:  étoiles
Une lettre courageuse !
Note de l'éditeur :L'essai d'Élisabeth Badinter intitulé "Le Conflit" soulignait, la dureté de l'injonction faite aux femmes par l'obligation non seulement d'être mères, mais de l'être absolument, dans un fantasme de perfection typique d'une société où la sphère privée est devenue un spectacle permanent.En écrivant à l'enfant qu'elle a choisi de ne jamais concevoir, Linda Lê s'affranchit du monde en général pour poser un regard strictement personnel sur sa volonté de ne pas devenir mère. Ce travail autobiographique lui permet d'éclairer les premiers jalons qui, dans l'enfance, préparent l'expression de sa liberté d'adulte...


Mon avis : Élevée dans une famille très puritaine, où la gent féminine prédominait, la narratrice Linda Lê exprime dans une lettre son non désir d'engendrer. Un choix personnel, que son compagnon S. n'a pas soutenu, lui se sentant la fibre paternelle. Elle nous fait entrer dans sa propre enfance, celle qui l'a conditionnée, auprès d'une mère "Big Mother" écrasante et d'un père imbibé. Elle ne veut pas être mère de crainte de donner à cet enfant l'éducation qu'elle a reçu et imposer ses tabous. Les arguments qu'elle expose sont nombreux et bien loin d'être illégitimes. Cette lettre est particulièrement courageuse et douloureuse parce que l'on ressent avec elle tout au long du texte qu'il existe malgré tout un désir de fils, qu'il est là en elle et que tout n'est peut-être pas définitif... Publié chez Nil dans une nouvelle collection "Les affranchis", cette collection propose à des auteurs de rédiger "la lettre qu'ils n'ont jamais écrite", exercice de style, occasion de s'affranchir d'une histoire qui a fortement influencé leur vie.