La Belle Epoque des cafés et des restaurants
de Bruno Girveau

critiqué par Radetsky, le 1 octobre 2011
( - 81 ans)


La note:  étoiles
De la Commune à la Grande Guerre : mode d'emploi du "Monde d'hier"
Certains vont hurler au kitsch, au passe-temps pour le 3e âge, au caprice de nantis, que sais-je.... Mais dans quel décor dînaient Jules Renard, Manet, Zola, Maupassant, Bergson, Barrès, Rostand, Jaurès...? Quel imaginaire présida à la naissance d'un style qui allait peut-être sortir le XIXe siècle du pastiche obligé de l'antique, extrayant tour à tour des cartons d'industrie et des ateliers des Beaux Arts ces éclaboussures colorées en des formes d'où la symétrie s'envolait, n'eût été la catastrophe de 1914 ? Le bâtiment, la verrerie, l'ébénisterie, le travail des métaux ont fait alors des prodiges (il faut aller à Orsay bien sûr, mais courir aussi à Nancy !) qu'il serait sot de mépriser sous le prétexte un peu court qu'on ne s'y résignait pas encore à l'angle droit et à l'architecture concentrationnaire. En dehors des musées, où il est problématique de s'installer confortablement afin de se pénétrer du plaisir des formes, il existe la solution (les tarifs ont sûrement... empiré depuis mon exil !) devant une table. Je suis sceptique cependant... Paris, vidé de sa moelle, Volkrein diraient les Allemands (débarrassé de son peuple), n'offre plus de continuité historique vivante, on n'y croise plus que des bourgeois petits, moyens, gros, hénaurmes aurait dit Flaubert et on risque le hiatus, tout comme l'infarctus, tant devant la fréquentation de ces lieux que devant l'addition finale.
Mais faites-y un tour tout de même, en compagnie d'un livre et de vos rêves.