Au revoir monsieur Friant
de Philippe Claudel

critiqué par Deashelle, le 1 octobre 2011
(Tervuren - 15 ans)


La note:  étoiles
Quand la plume et le pinceau se rejoignent
Publié aux éditions Nicolas Chaudun, ce livre objet est un bijou que l’on voudrait croquer comme une voluptueuse praline d’artisans chocolatiers belges. Deux nuances chocolatées en couverture, un petit cadre avec une reproduction de qualité d’une œuvre de Friant : celle qui met en scène deux amoureux appuyés sur un pont, rêvant au fil de l’eau qui passe avec ses chevelures d’algues, sa nostalgie du déjà plus et sa brillance captivante.

Une vraie friandise, sans même ouvrir encore le ravissant ouvrage. A l’intérieur, une typographie délicate égrène un texte charmant, poétique, rempli de pépites (encore le chocolat !) Décidément. Se croisent et se correspondent les souvenirs d’enfance de Philippe Claudel qui rend hommage à une grand-mère de rêve, éclusière, de son état, et une amplification poétique des œuvres de Monsieur Friant. Celles–ci apparaissent au fil des pages dans de charmantes fenêtres miniatures.

Emile Friant, artiste peintre lorrain de la fin du XIXème véhicule de son côté toute l’époque des arrière-grands parents de Philippe Claudel, rajeunit la grand-mère de 60 ans au moins, et offre à chaque page un regard presque photographique sur une très belle époque idéalisée. Ce qui frappe sont les silhouettes bien tranchées en costumes d'époque, le mouvement, la lumière presque toujours tamisée ou éparpillée, mais très vibrante comme les jours d'été.

Ensemble les deux artistes se sont donc rejoints comme deux amis et établissent des conciliabules poétiques. Comme si Claudel parlait à un aimable revenant, nouveau membre de sa famille. C’est le ravissement.

Le toucher des pages est doux, la couleur est chapeau de paille ou canotier d’un autre temps. Un opuscule où se croisent la beauté picturale et la beauté d’écriture. Un vrai délice pour les papilles gourmandes.