Mensonges, mensonges
de Stephen Fry

critiqué par Saule, le 12 juillet 2002
(Bruxelles - 59 ans)


La note:  étoiles
Le meilleur ... et le pire
Commençons par le meilleur: ce livre est la plupart du temps franchement marrant, souvent très bien écrit. Le scénario, avec ses multiples rebondissements, nous prend constamment au dépourvu, l'auteur nous tourne littéralement en bourrique et vraiment on ne s'ennuie pas. Les dialogues sont drôles, c'est bourré d'un humour plein de non-sens, frôlant parfois l'absurde.
Malheureusement, cet humour indéniable dégénère parfois et vire alors dans la pantalonnade la plus complète, l'humour de potache si vous préférez. Ainsi les descriptions en-dessous de la ceinture des moeurs homosexuelles de la plupart de ses personnages, l'univers des collèges anglais où élèves et professeurs se livrent joyeusement à des galipettes,.. tout cela manque singulièrement de finesse. On est loin de la sagacité et de la finesse d'un Evelyn Waugh, ou de la remarquable description des troubles adolescents dans un collège par
Mishima ('Dans Pèlerinage aux trois montagne'). Ici on fait plutôt dans le A. Maupain, ça ne vole pas très haut, c'est assez lourd.
Il n'en reste pas moins que le livre se lit avec beaucoup de plaisir, on rit, le scénario est en béton.
Si vous cherchez à vous détendre et passer un bon moment, si vous êtes en manque, attendant la sortie du prochain David Lodge ou Angela Huth, ce livre vous comblera.
Mœurs de collège anglais 8 étoiles

Adrian, le personnage principal - menteur, hautain et extraverti - de ce roman n’est pas des plus attachants. Malgré sa personnalité ignoble, j’ai éprouvé beaucoup de plaisir à lire ses aventures. La narration saute d’une période à l’autre, de l’enfance dans une école publique à l’étudiant de Cambridge puis « l’espion ». Une sorte d’autofiction rocambolesque qui est le prolongement de l’autobiographie de Fry « Moab is a washpot » (non traduite)

Ce n’est pas un roman pour ceux qui s’offusquent des écarts de la morale. L’humour est osé et les thèmes aussi ; homosexualité, attirance pour un jeune garçon et prostitution. Par son atmosphère et son sujet, ce bouquin ne peut selon moi que plaire à un auditoire masculin. Le propos tend à nous faire comprendre que les garçons ne prennent rien au sérieux comme ce jeu d’espionnage, pas même l’éducation.

Mais bon, on ne peut pas croire tout ce que raconte un narrateur menteur…

- Lu en version originale -

Aaro-Benjamin G. - Montréal - 55 ans - 17 juillet 2013


Un peu lourd... 7 étoiles

J'ai presque envie de dire "humour anglais oblige" (vivant près de Calais, je suis désolée mais je n'ai pas une opinion très bonne de nos amis les "beefs" - il faut dire que ce n'est pas la fine fleur que je côtoie tous les jours !). Mais j'ai pris plaisir tout de même à lire ce livre, malgré sa lourdeur.

Par contre, j'ai préféré L'Hippopotame...

Chacha - St Tricat - 45 ans - 11 juin 2004


Ces mensonges valent des liar(d)s 8 étoiles

J’aurais plutôt tendance à être de l’avis de Saule. Voilà effectivement un livre dont la ligne directrice est, à tout le moins, complètement skieve comme on dit chez nous. La linéarité, Fry ne connaît pas, il nous emmène dans un coin, puis dans un autre, sans respect du lieu ou du temps et il est vrai que l’on a un peu de mal à suivre. Il n’y a pas de réelle histoire, mais plutôt une suite d’anecdotes à moitié vraies ou à moitié fausses selon le point de vue selon lequel on se place. Par contre, je trouve l’ensemble assez joyeux et agréable à lire, j’ai maintes fois esquissé un sourire devant ces blagues, il est vrai, de potaches, mais bon, après tout, pourquoi pas !? C’est de l’humour anglais un peu décadent, ironique à souhait, pince-sans-rire, certes sous la ceinture, mais il y a de temps à autre de petites répliques qui valent leurs quatre étoiles, exemple :

« Tricher ? Dieu du ciel ! C’est un match de cricket amateur entre deux établissements secondaires prestigieux, je suis un Anglais, un professeur censé prêcher l’exemple auprès des jeunes dont il a la charge. Nous jouons au jeu le plus artistique et le plus beau que l’homme ait jamais inventé. Bien sûr que je vais tricher comme un cul. Maintenant, donnez-moi ma robe et coiffez-moi de ma couronne. J’ai d’immortelles envies. »

Roman sans prétention, il se lit vite car il se laisse lire et je le conseille donc comme sympathique détente.

Pendragon - Liernu - 54 ans - 4 janvier 2004


Surtout le pire 2 étoiles

Je viens de terminer ce livre et je me demande franchement ce qui m'a poussé à le lire. Sans doute l'envie de lire un bon roman anglais bourré d'humour caustique. Grosse déception. Contrairement à Saule, mes lèvres ne se sont pas déridées d'un bout à l'autre du livre. L'humour y est plus que potache, voire scabreux. L'intrigue, pas mal ficelée sur le fond, m'a profondément ennuyée et je me suis interrogée tout au long de ma lecture sur l'intérêt de cette histoire d'"espionnage" abracadabrante, à laquelle je ne suis jamais parvenue à accrocher.
Saule compare l'humour de Stephen Fry à Armistead Maupin. Pour ma part, je me suis beaucoup plus divertie à la lecture des Chroniques de San Francisco. Si le thème de l'homosexualité dans les collèges britanniques a maintes fois été abordé dans la littérature d'Outre Manche, Tom Sharpe l'a traité avec beaucoup plus de finesse et d'humour dans "Panique à Porterhouse".
En toute subjectivité, je ne le conseille pas, mais je le laisse à l'appréciation de chacun...

Féline - Binche - 46 ans - 6 novembre 2002